L’École polytechnique, surnommée l’X, passe à la vitesse supérieure. Cette institution d’élite, réputée pour former l’excellence à la française dans les domaines scientifiques et techniques, a annoncé le lancement d’une campagne de levée de fonds ambitieuse visant à récolter pas moins de 200 millions d’euros sur les cinq prochaines années. Un objectif qui témoigne de la volonté de l’école de se réinventer pour rester dans la course face à une concurrence internationale toujours plus féroce.
Un « plan stratégique » pour propulser l’X vers le futur
Derrière cette levée de fonds XXL se cache un véritable projet de transformation, baptisé sobrement « plan stratégique ». Signé en avril 2022 par l’école et le ministère des Armées, ce plan vise à donner un coup d’accélérateur au développement de Polytechnique. L’objectif : faire de l’X un acteur incontournable sur la scène académique mondiale et renforcer son attractivité, notamment auprès des étudiants et chercheurs étrangers.
Pour y parvenir, l’école mise sur plusieurs axes stratégiques :
- La rénovation et la modernisation du campus de Palaiseau, avec l’ambition de hisser les infrastructures aux meilleurs standards internationaux
- Le développement de nouveaux programmes et filières de formation, pour coller aux enjeux clés des transitions numérique et écologique
- Le renforcement des liens avec le monde de l’entreprise et de l’industrie, via la création de laboratoires communs et l’essor de l’incubateur de startups
Un programme ambitieux qui nécessite des moyens à la hauteur. C’est tout le sens de cette levée de fonds, dont le montant a été revu à la hausse par rapport aux précédentes opérations.
Donner un coup de fouet à l’innovation
Parmi les chantiers prioritaires figure le développement de la recherche, avec un accent mis sur les technologies de rupture comme l’intelligence artificielle. L’X entend bien se positionner comme un acteur clé dans ce domaine porteur, en attirant les meilleurs talents et en nouant des partenariats avec les géants du secteur.
Cette rénovation concourra au rayonnement mondial de Polytechnique.
Extrait de la brochure de la levée de fonds
Autre enjeu de taille : la valorisation de l’innovation, avec un objectif de doubler le nombre de startups issues de l’incubateur de l’école d’ici 2026. Un pari audacieux, qui traduit la volonté de l’X de jouer un rôle moteur dans l’émergence de la French Tech.
Susciter de nouvelles vocations scientifiques
Mais la Fondation de l’X ne compte pas se contenter de propulser l’école sur le devant de la scène internationale. Elle ambitionne aussi de relancer la filière scientifique en France, en s’attaquant notamment au problème de la désaffection des jeunes pour les études scientifiques.
Pour y remédier, Polytechnique mise sur des programmes inédits :
- Le développement d’un outil d’orientation basé sur l’intelligence artificielle, qui permettra aux lycéens d’identifier les filières dans lesquelles ils ont le plus de chances de s’épanouir
- Le renforcement des actions en faveur de l’égalité des chances, pour ouvrir les portes de l’X à tous les talents, quelles que soient leurs origines
Des initiatives novatrices, qui témoignent de la capacité de l’école à se remettre en question pour rester en phase avec son temps et les attentes de la société.
Une première étape encourageante
Cette nouvelle campagne de levée de fonds a démarré sur les chapeaux de roues. Selon nos informations, la Fondation aurait d’ores et déjà réuni 85 millions d’euros, soit près de la moitié de l’objectif visé. Un signal positif, qui montre que le projet séduit les mécènes et les entreprises partenaires.
Il faut dire que l’X peut compter sur un réseau d’alumni particulièrement influent, dont certaines figures emblématiques du monde des affaires n’ont pas hésité à mettre la main au portefeuille pour soutenir leur alma mater. Parmi les premiers contributeurs figureraient plusieurs grands patrons du CAC40, désireux de s’investir dans la formation des talents de demain.
Avec cette campagne, nous entendons continuer à soutenir les ambitions et les projets de développement de l’École polytechnique, et ainsi contribuer à écrire son histoire.
Frédéric Oudéa, président de la Fondation de l’École polytechnique
Une belle marque de confiance, qui en dit long sur l’attachement que suscite cette institution plus que bicentenaire auprès de ceux qui l’ont fréquentée. Mais aussi sur les espoirs placés en elle pour contribuer à façonner le visage de l’économie de demain.
Un enjeu de souveraineté
Car au-delà des enjeux propres à l’école, c’est bien une question de souveraineté nationale qui se joue à travers ce grand chantier de modernisation. À l’heure où la guerre des talents fait rage à l’échelle planétaire, la France ne peut pas se permettre de voir ses meilleurs éléments lui échapper, attirés par les sirènes des grandes universités étrangères ou des géants de la tech.
En redonnant un coup de jeune à ce fleuron de l’enseignement supérieur hexagonal, c’est l’avenir du pays que l’on prépare. Celui d’une France qui ne renonce pas à peser dans la compétition mondiale de l’économie de la connaissance. Une France innovante, créative, capable de faire émerger les futurs champions de l’industrie et du numérique.
Le défi de la transformation
Reste que le chemin est encore long et semé d’embûches pour concrétiser ces belles ambitions. Car c’est un véritable changement de culture qui est attendu de la part d’une institution réputée pour son excellence académique, mais parfois perçue comme un brin conservatrice.
Pour réussir son pari, l’X devra faire preuve d’agilité et de créativité, en bousculant certains codes et en osant sortir de sa zone de confort. Un défi stimulant pour cette grande dame du savoir français, qui a su traverser les siècles en s’adaptant aux évolutions de la société.
La singularité de l’X est aujourd’hui un archaïsme, alors qu’elle doit redevenir un atout
François Cornut-Gentille, membre honoraire du Parlement
Gageons que cette nouvelle page de son histoire, qui s’ouvrira avec ce grand chantier de rénovation, lui permettra de relever avec brio les défis du XXIe siècle. Et de continuer à briller par son excellence, au service du rayonnement de la France dans le monde.
