En cette fin d’année 2024, le syndicalisme agricole français est en ébullition. Alors que la colère gronde dans les campagnes, notamment contre l’accord commercial du Mercosur, les élections professionnelles de janvier prochain s’annoncent déterminantes. En première ligne, la FNSEA, syndicat historique qui domine le paysage depuis des décennies. Mais sa suprématie est plus que jamais menacée par des challengers ambitieux.
La FNSEA sur tous les fronts
Face au malaise persistant dans les campagnes françaises, la FNSEA multiplie les actions pour tenter de répondre aux inquiétudes de ses adhérents :
Mobilisations anti-Mercosur
Depuis plusieurs semaines, le syndicat appelle à manifester contre cet accord de libre-échange qui fait craindre un afflux massif de produits agricoles sud-américains. Après une première vague de blocages au printemps, de nouvelles actions sont prévues mi-novembre, avec l’objectif affiché de “faire entendre la voix de la France”. Tout en veillant à ne pas se mettre à dos l’opinion publique.
Le défi des promesses gouvernementales
Au cœur des revendications de la FNSEA, les engagements pris par le précédent gouvernement sur les revenus agricoles, la simplification administrative ou encore la lutte contre les distorsions de concurrence. Le syndicat veut s’assurer que ces promesses seront tenues, quitte à maintenir la pression.
On a fait notre travail, mais l’État a décrédibilisé notre parole en mettant trop de temps à concrétiser les annonces.
– Jean-Marie Dirat, président FNSEA Occitanie
L’enjeu des élections chambres d’agriculture
Tous les 6 ans, le vote pour les chambres d’agriculture permet de mesurer le rapport de force dans le monde paysan. Un scrutin d’autant plus crucial pour la FNSEA qu’elle doit faire face à une concurrence accrue, avec la montée en puissance ces dernières années de syndicats comme la Coordination Rurale ou la Confédération Paysanne, qui pourraient lui disputer des terres, notamment dans le sud du pays.
Vers un paysage syndical plus fragmenté ?
Si la FNSEA et son antichambre des Jeunes Agriculteurs (JA) pèsent encore plus de 55% des voix, de nouveaux équilibres pourraient se dessiner à l’occasion de ce scrutin professionnel :
La poussée des syndicats “contestataires”
Coordination Rurale et Confédération Paysanne revendiquent chacune autour de 20% des suffrages. Des challengers aux positions souvent plus tranchées et radicales qui surfent sur le sentiment d’une partie du monde paysan de ne plus être suffisamment défendue par la FNSEA, jugée trop proche des pouvoirs publics.
La situation est pire qu’il y a un an […] Nous avons construit une séquence sur nos sujets clés en vue des élections.
– Laurence Marandola, Confédération Paysanne
La bataille des territoires
Cette intensification de la concurrence syndicale se joue aussi région par région. La FNSEA entend consolider ses positions dans ses bastions, notamment dans le nord et l’ouest. Face à elle, la Confédération paysanne cible des zones comme la Bretagne ou la Normandie, tandis que la Coordination rurale mise sur le sud-ouest.
Autant de signes d’un paysage syndical agricole en pleine recomposition, dont la FNSEA n’est plus l’unique acteur dominant. Résultat, les mobilisations à venir comme les urnes de janvier pourraient réserver quelques surprises. Et dessiner les nouveaux équilibres des campagnes françaises pour les années à venir.