Alors que la poussière de l’élection présidentielle américaine retombe à peine, de troublantes révélations émergent déjà quant aux premiers échanges entre le président élu Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine. Selon des sources anonymes citées par le Washington Post, les deux dirigeants se seraient entretenus dès le 5 novembre, soit quelques jours seulement après la victoire de Trump, avec en point de mire le dossier brûlant de la guerre en Ukraine.
Le Kremlin nie en bloc, mais le doute plane
Face à ces allégations, Moscou a immédiatement contre-attaqué, démentant catégoriquement tout entretien entre MM. Trump et Poutine depuis le scrutin du 3 novembre. « Cela ne correspond absolument pas à la réalité, c’est une pure invention », a martelé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, qualifiant ces informations de « fausses ». Le Kremlin assure en outre n’avoir reçu « aucun signal » de l’Occident pour des pourparlers sur l’Ukraine.
Mais le mal est fait. En dépit des dénégations russes, le soupçon d’une possible collusion ou à tout le moins d’un canal de communication privilégié entre le nouveau locataire de la Maison Blanche et le maître du Kremlin s’installe déjà, attisé par le timing troublant de ce présumé entretien et le contexte de regain de tension en Ukraine.
Trump enjoint à Poutine de ne pas provoquer d’escalade
Si l’on en croit les sources anonymes du Washington Post, Donald Trump aurait profité de cet échange pour mettre en garde Vladimir Poutine contre toute escalade en Ukraine. Un message fort alors que le conflit dans l’est du pays connaît un regain d’intensité depuis plusieurs semaines, sur fond d’impasse diplomatique.
Reste à savoir quel crédit accorder à cet avertissement, venant d’un président élu qui n’a eu de cesse de vanter son « feeling » avec Poutine durant la campagne et s’est montré pour le moins conciliant à l’égard des visées russes. Trump aurait-il endossé si rapidement les habits de commandant en chef prêt à tenir tête à Moscou ? Ou ne s’agit-il que d’une posture de façade ?
Un dossier ukrainien qui s’annonce épineux pour Trump
Toujours est-il que ce dossier ukrainien s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus épineux pour le début de mandat de Donald Trump. Le milliardaire républicain, qui n’a jamais caché sa volonté d’un rapprochement avec la Russie, va devoir composer avec une réalité géopolitique complexe et potentiellement explosive.
Son entourage assure qu’il ne bradera pas les intérêts de l’Ukraine sur l’autel de la détente avec Moscou. Mais les pressions risquent d’être fortes, tant les ambitions de Vladimir Poutine dans la région restent grandes. La partie d’échecs qui s’engage s’annonce d’ores et déjà serrée et lourde d’enjeux.
Les relations américano-russes à un tournant
Au-delà du seul cas ukrainien, c’est bien la trajectoire des relations américano-russes pour les quatre prochaines années qui se joue en ce moment. Entre sanctions, ingérence électorale présumée et visions antagonistes sur de nombreux dossiers internationaux, Barack Obama laisse à son successeur un héritage lourd et conflictuel face au Kremlin.
Donald Trump a clairement affiché sa volonté de rompre avec la politique de fermeté de l’administration démocrate. Mais entre posture de campagne et réalité du pouvoir, le chemin est parfois sinueux.
– Un diplomate européen souhaitant garder l’anonymat
Moscou, de son côté, a accueilli avec une satisfaction non dissimulée l’élection de Trump, en qui le Kremlin voit un pragmatique disposé à donner la priorité aux intérêts nationaux américains et à rompre avec la logique de l’endiguement. Mais sans se faire trop d’illusions non plus, tant l’establishment de politique étrangère à Washington reste farouchement méfiant vis-à-vis des ambitions russes.
La partie qui s’engage entre Donald Trump et Vladimir Poutine sera donc scrutée de près des deux côtés de l’Atlantique. Avec en toile de fond cette lancinante question : le nouveau président américain parviendra-t-il là où Barack Obama a échoué, à savoir trouver les leviers pour infléchir la posture de la Russie, de la Syrie à l’Ukraine en passant par les ingérences dans le jeu démocratique occidental ? Les premiers échanges, s’ils sont avérés, donnent en tout cas un avant-goût du niveau de complexité de la tâche.