Partir travailler à l’étranger, une opportunité professionnelle en or ? Pas toujours, surtout côté logement. Loyers exorbitants, charges abusives, dégâts surfacturés… Les expatriés se retrouvent souvent piégés par un système favorisant les propriétaires, prêts à tout pour maximiser leurs profits. Une enquête révèle l’envers du décor des locations hors de France et donne des conseils pour éviter les pièges.
Des loyers prohibitifs, des charges gonflées
Cadres dirigeants, diplomates, journalistes… Leur statut d’expatrié les expose à des pratiques immobilières douteuses. « Les propriétaires connaissent nos salaires. Ils savent comment se passent les expatriations. Et comme le système est définitivement en leur faveur, on se fait toujours avoir », témoigne un haut fonctionnaire européen ayant quitté Bruxelles. Il a dû verser 9000 euros à son propriétaire, dont 7500 euros d’indemnité pour son départ anticipé et 1500 euros pour la location… d’un ascenseur !
De nombreux expatriés font part de charges locatives artificiellement gonflées : frais de retrait de poussière, indemnités pour chaque marque relevée… La créativité de certains bailleurs semble sans limite pour facturer toujours plus. Des loyers excessifs au regard des prix du marché local sont également monnaie courante.
Des dégâts facturés à prix d’or
Malheur à ceux qui rendent un bien avec le moindre dégât. Les réparations sont systématiquement facturées à des montants astronomiques. Un cadre raconte avoir payé 1200 euros pour reboucher quelques trous de vis. Un journaliste a dû s’acquitter de 800 euros pour un lavabo ébréché. Des sommes démesurées par rapport aux coûts réels.
“On n’ose même plus accrocher un cadre de peur de se voir ponctionner un mois de salaire en partant”
confie une expatriée
Un système en défaveur des locataires
Comment expliquer de tels abus ? Les contrats de location sont souvent flous sur les modalités de restitution du dépôt de garantie. De plus, la méconnaissance du droit local et la barrière de la langue jouent en défaveur des expatriés.
Pressés par leurs obligations professionnelles, il est difficile pour eux de se lancer dans des procédures judiciaires longues et coûteuses. Les propriétaires peu scrupuleux en profitent, sachant que leurs locataires n’iront pas au contentieux.
Quelques conseils pour limiter les risques
- Privilégier les locations via son entreprise ou des agences spécialisées dans l’expatriation
- Faire preuve de vigilance lors de l’état des lieux d’entrée, en notant les moindres défauts
- Prendre un maximum de photos à l’entrée et à la sortie du logement
- Se renseigner sur ses droits en tant que locataire dans le pays concerné
- Conserver tous les documents (contrat, inventaire, quittances, etc.) de façon méticuleuse
Malgré ces précautions, le rapport de force reste souvent déséquilibré. De nombreux expatriés en font le constat amer.
“C’est David contre Goliath. Sauf qu’à l’étranger, David n’a aucune chance”
regrette un cadre basé à Singapour
Cette enquête démontre les dérives d’un système immobilier particulièrement injuste envers les expatriés. Ces derniers se retrouvent trop souvent démunis face à des pratiques abusives. Un phénomène qui ternit le tableau idyllique de l’expatriation. Il est urgent de mieux protéger ces travailleurs nomades, proies faciles de propriétaires voyant en eux des “pigeons à plumer”.