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La Colère des Agriculteurs Français Gronde : L’Accord du Mercosur Attise les Tensions

La FNSEA donne le coup d'envoi d'une nouvelle mobilisation dans toute la France contre l'accord UE-Mercosur. Les agriculteurs redoutent une concurrence déloyale de produits ne respectant pas les mêmes normes. Des actions symboliques sont prévues, sans bloquer les Français. La Coordination Rurale promet une "révolte agricole" si aucune avancée n'est constatée...

Un an après un mouvement de colère inédit des agriculteurs français, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) sonne à nouveau la mobilisation ce lundi. L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, en passe d’être signé, pourrait raviver la flamme de la contestation dans les campagnes.

Des agriculteurs percutés par les crises

Les agriculteurs français traversent une période difficile. Entre mauvaises récoltes et maladies animales émergentes, ils peinent à maintenir leurs revenus. Malgré un précédent mouvement l’hiver dernier, ayant abouti à 70 engagements du gouvernement, ils estiment ne pas avoir récolté les fruits de leur colère. La dissolution de l’Assemblée nationale a ralenti la concrétisation des mesures promises.

La complexité des normes et l’insuffisance des revenus restent au cœur des préoccupations. Mais c’est surtout la perspective d’un accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui risque de mettre le feu aux poudres cette année.

L’accord UE-Mercosur, pomme de discorde

Cet accord commercial, en passe d’être signé d’ici la fin de l’année, suscite l’inquiétude du monde agricole français. Il permettrait aux pays sud-américains d’exporter vers l’Europe davantage de viande bovine, de volaille et de sucre, sans droits de douane.

En contrepartie, il favoriserait les exportations européennes de voitures, machines et produits pharmaceutiques vers le Mercosur. Si plusieurs pays comme l’Espagne et l’Allemagne y sont favorables, la France s’y oppose fermement, soutenue par l’ensemble de sa classe politique et des acteurs agricoles.

Notre objectif n’est pas d’ennuyer les Français (…), ni les bloquer, encore moins de les affamer.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA

Une concurrence jugée déloyale

Le principal grief des agriculteurs français concerne les différences de normes environnementales et sanitaires entre l’Europe et les pays du Mercosur. Ils craignent une concurrence déloyale de produits ne respectant pas les standards stricts en vigueur dans l’UE.

Selon une source proche du dossier, en volaille, plus de 180 000 tonnes de viande blanche risquent d’inonder le marché européen. Pour le maïs, 70 molécules interdites en France seraient autorisées au Brésil.

Des actions symboliques dans toute la France

Pour exprimer leur mécontentement, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont choisi de relancer la mobilisation ce lundi et mardi, dates d’un sommet du G20 au Brésil. Des rassemblements sont prévus devant les préfectures et sur des places ou ronds-points rebaptisés “de l’Europe”.

Les actions se veulent avant tout symboliques, comme l’occupation du “pont de l’Europe” entre Strasbourg et Kehl en Allemagne, ou le déversement de déchets devant un centre des impôts renommé “ambassade du Brésil”. Des “feux de la colère” seront aussi allumés lundi soir dans les départements.

La FNSEA assure ne pas vouloir bloquer ni “affamer” les Français, se démarquant d’appels plus radicaux de la Coordination rurale. Ce syndicat promet néanmoins “une révolte agricole” et un “blocage du fret alimentaire” dès mercredi dans le sud-ouest si aucune avancée n’est constatée sur le Mercosur.

Le gouvernement tente de rassurer

Face à la grogne qui monte, le président Emmanuel Macron a tenté de rassurer les agriculteurs ce dimanche, affirmant depuis Buenos Aires que la France ne signerait pas l’accord en l’état. Il assure vouloir d’abord analyser en détail le contenu de cet accord controversé.

Alors que la perspective d’une signature se rapproche, la colère des agriculteurs pourrait bien s’embraser à nouveau dans les prochaines semaines. Le gouvernement parviendra-t-il cette fois à éteindre l’incendie avant qu’il ne se propage ? Réponse dans les prochains mois.

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