C’est un incident diplomatique qui secoue l’Australie. La sénatrice aborigène Lidia Thorpe a vivement interpellé le roi Charles III sur la colonisation britannique lors de sa visite officielle au Parlement australien le 21 octobre dernier. Un coup d’éclat qui lui a valu une sanction symbolique mais qui ravive les tensions autour du passé colonial du pays.
Des propos chocs au cœur du Parlement
La visite du souverain britannique, qui reste le chef de l’État de l’Australie, devait se dérouler sous les meilleurs auspices. Mais c’était sans compter sur l’intervention de Lidia Thorpe, connue pour son engagement en faveur de la cause aborigène.
Alors que le roi s’apprêtait à prononcer un discours, la sénatrice s’est levée en s’exclamant :
Rendez-nous nos terres ! Vous n’êtes pas mon roi !
Lidia Thorpe, sénatrice australienne
Puis dans une diatribe d’une minute, elle a dénoncé le “génocide” des aborigènes à l’époque de la colonisation européenne de l’Australie avant de tourner le dos au monarque pendant l’hymne national.
Le poids de l’histoire coloniale
L’Australie a en effet été une colonie britannique pendant plus d’un siècle, de 1788 à 1901. Une période marquée par l’oppression des populations aborigènes, victimes de massacres, de déplacements forcés et de tentatives d’assimilation.
Bien que le pays ait acquis son indépendance il y a plus de 120 ans, il n’est jamais devenu une république. Le monarque britannique y conserve un rôle constitutionnel, bien que largement symbolique. Un statu quo de plus en plus contesté, comme l’illustre le geste de la sénatrice Thorpe.
Une sanction symbolique mais controversée
Face à ce qu’ils considèrent comme un comportement “irrespectueux”, les autres sénateurs ont voté à une large majorité une motion de censure à l’encontre de leur collègue. Une sanction qui vise à exprimer le mécontentement de la chambre mais n’a pas de conséquence concrète.
Loin de se démonter, Lidia Thorpe a assumé son geste. Interrogée par la chaîne ABC, elle a déclaré qu’elle “referait la même chose” si c’était à refaire.
Je résisterai à la colonisation dans ce pays. Je prête allégeance aux véritables souverains de ces terres.
Lidia Thorpe
Son action a reçu le soutien d’une partie de l’opinion, notamment dans la communauté aborigène où beaucoup partagent son sentiment de dépossession et de colère. Mais elle a aussi suscité la désapprobation de ceux qui y voient une atteinte au protocole et à la courtoisie due à un chef d’État en visite.
Un débat qui divise la société australienne
Au-delà de la polémique, cet incident remet sur le devant de la scène la question sensible de la place des aborigènes dans la société australienne contemporaine. Malgré des avancées ces dernières années, ils restent confrontés à de fortes inégalités et discriminations.
Certains y voient le signe qu’il est temps pour l’Australie de rompre ses derniers liens constitutionnels avec la couronne britannique et de reconnaître pleinement la souveraineté des premiers peuples du continent. D’autres insistent sur la nécessité de préserver les institutions et de respecter le monarque, même de façon critique.
Une chose est sûre, le geste de Lidia Thorpe ne laissera personne indifférent. Il témoigne de la persistance de blessures historiques profondes et de la volonté d’une partie de la population de les voir enfin reconnues et réparées. Un défi majeur pour une nation toujours en quête de son identité post-coloniale.
Certains y voient le signe qu’il est temps pour l’Australie de rompre ses derniers liens constitutionnels avec la couronne britannique et de reconnaître pleinement la souveraineté des premiers peuples du continent. D’autres insistent sur la nécessité de préserver les institutions et de respecter le monarque, même de façon critique.
Une chose est sûre, le geste de Lidia Thorpe ne laissera personne indifférent. Il témoigne de la persistance de blessures historiques profondes et de la volonté d’une partie de la population de les voir enfin reconnues et réparées. Un défi majeur pour une nation toujours en quête de son identité post-coloniale.