Partout en France, la colère gronde. Des préavis de grève se multiplient chez les fonctionnaires, les pilotes d’avion, les cheminots, mais aussi les salariés du privé. Dans les territoires, le feu prend également, les maires et les patrons de département et région refusant les efforts budgétaires demandés. Le pays serait-il au bord d’une nouvelle crise sociale majeure, six ans après le mouvement des Gilets Jaunes ?
Une fronde généralisée contre les taxes
Du public au privé, du national au local, un vent de révolte souffle sur l’Hexagone. Le déclencheur : les taxes et les efforts budgétaires réclamés par le gouvernement pour renflouer les caisses de l’État. Une pilule difficile à avaler pour de nombreux Français déjà confrontés à une inflation record et une hausse du coût de la vie.
Dans la fonction publique, les préavis de grève pleuvent, notamment chez les enseignants et les soignants, excédés par les conditions de travail et les salaires jugés insuffisants. Côté transports, pilotes d’avion et cheminots menacent également de cesser le travail.
Le privé n’est pas en reste
Mais la contestation ne s’arrête pas aux portes du public. De nombreux salariés du secteur privé expriment aussi leur ras-le-bol, à l’image des employés de grandes enseignes de distribution appelant à la grève pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de travail.
Les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Tout augmente sauf les salaires. On n’en peut plus de cette pression fiscale.
témoigne un salarié sous couvert d’anonymat
La fronde des élus locaux
La grogne n’épargne pas non plus les territoires. Maires, présidents de département et de région sont vent debout contre l’effort de 5 milliards d’euros qui leur est réclamé pour contribuer au redressement des comptes publics. Réunis en congrès, ils entendent bien faire entendre leur voix.
Quant aux campagnes, elles se préparent à une mobilisation d’ampleur. Les agriculteurs, qui attendent toujours que les promesses faites en début d’année par le gouvernement soient tenues, n’excluent pas de nouvelles actions coup de poing.
Un pays au bord de la crise de nerfs
Pour beaucoup d’observateurs, cette montée de la colère fiscale et sociale fait craindre une réédition du scénario des Gilets Jaunes. En 2018, cette fronde partie de la taxe sur les carburants avait embrasé le pays pendant de longs mois, mettant le gouvernement sous pression.
Aujourd’hui, l’exécutif joue gros. Confronté à une situation économique et budgétaire dégradée, il n’a guère de marge de manœuvre pour calmer les esprits échauffés. La Première ministre Elisabeth Borne multiplie les consultations et les appels au dialogue, mais sans véritables annonces concrètes à ce stade.
On a conscience des difficultés, de la lassitude de beaucoup de Français. Nous travaillons à des solutions
assure l’entourage d’Elisabeth Borne
Mais le temps presse. Si rien n’est fait, le pays pourrait rapidement basculer dans une crise sociale d’ampleur, venant s’ajouter aux difficultés économiques et aux tensions déjà vives dans de nombreux secteurs. Un cocktail explosif que redoute l’exécutif, qui sait que sa survie politique est en jeu.
Alors que les nuages s’amoncellent, le gouvernement va devoir rapidement trouver les mots et les gestes pour apaiser la colère qui monte. Faute de quoi, c’est une nouvelle épreuve de force qui s’annonce, avec le risque d’un blocage durable du pays. Un scénario catastrophe que personne ne souhaite, mais qui semble chaque jour un peu plus se rapprocher.