Au cœur des tensions commerciales internationales, la position de la France sur l’épineux accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur ne faiblit pas. C’est le message fort qu’a voulu faire passer le président Emmanuel Macron lors de sa récente visite officielle en Argentine les 16 et 17 novembre 2024.
La France campe sur ses positions
Depuis des années, ce traité commercial historique se heurte à de vives oppositions en Europe, la France en tête. Emmanuel Macron a une nouvelle fois été on ne peut plus clair :
La France s’oppose à cet accord. Nous ne le signerons pas en l’état.
Emmanuel Macron, Président de la République française
Selon le chef de l’État, ce pacte serait “très mauvais pour l’agriculture française” et pour “la réindustrialisation de l’Argentine”. Une double peine économique qu’il refuse d’endosser.
Le spectre d’une concurrence déloyale
Pour justifier son véto, Paris met en avant les risques d’une concurrence jugée déloyale. Emmanuel Macron souligne l’incohérence qu’il y aurait à ouvrir le marché européen à des “importations massives” ne respectant pas les mêmes normes environnementales et sanitaires que celles imposées aux producteurs français et européens.
Nous ne pouvons pas demander à nos agriculteurs de se passer de certains produits phytosanitaires et en même temps ouvrir nos portes à des produits qui ne respecteraient pas ces critères.
Emmanuel Macron
Un argument partagé par une large partie de la classe politique hexagonale, tous bords confondus. Les agriculteurs français, fer de lance de la contestation, prévoient d’ailleurs une grande mobilisation dès lundi prochain pour faire barrage à ce traité.
L’UE divisée sur la question
Si la Commission européenne, soutenue par plusieurs États membres comme l’Allemagne et l’Espagne, espère toujours finaliser l’accord UE-Mercosur d’ici fin 2024, la position française ne semble pas isolée pour autant. Selon Emmanuel Macron :
Plusieurs pays au sein du Mercosur et plusieurs autres pays européens ne sont pas satisfaits de cet accord.
Le président se veut rassurant, expliquant qu’un “chemin est possible” si tous font preuve de “raison”. Mais cela ne se fera pas “au détriment des agriculteurs français”, prévient-il. La France est bien décidée à défendre son modèle et ses intérêts coûte que coûte.
Vers un compromis possible ?
Malgré ces désaccords persistants, Emmanuel Macron veut croire qu’un terrain d’entente est envisageable, à condition de revoir en profondeur le contenu du traité. Il assure que des discussions se poursuivront dans ce sens, tout en prévenant :
Nous allons continuer de travailler fermement pour défendre notre modèle. Si on est tous raisonnables, il y a un chemin possible, mais pas au détriment de nos agriculteurs.
Un équilibre délicat à trouver pour ce dossier explosif qui cristallise les tensions au sein même de l’UE. La France parviendra-t-elle à rallier suffisamment de soutiens pour faire plier Bruxelles ? Réponse dans les mois à venir, mais une chose est sûre : Paris ne compte pas en démordre facilement.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur apparaît donc plus que jamais en suspens. Un nouveau bras de fer s’engage entre partisans et opposants à ce traité historique mais controversé. La France a clairement affiché sa détermination à défendre sa ligne rouge. Reste à savoir si elle parviendra à imposer sa vision ou devra se résoudre à des compromis. Les négociations s’annoncent en tout cas longues et difficiles sur fond de profondes divergences européennes.