En pleine période électorale tendue, le chancelier allemand Olaf Scholz vient de faire un pari audacieux. Son entretien téléphonique d’une heure avec Vladimir Poutine vendredi dernier, le premier échange entre les deux dirigeants depuis près de deux ans, ne passe pas inaperçu. Scholz tente-t-il de se présenter comme un “chancelier de la paix” à l’approche d’élections périlleuses pour son parti ? Si le chancelier assure que “l’Ukraine peut compter sur le soutien de l’Allemagne”, cette initiative suscite une vive polémique dans le pays et au-delà.
Un signal électoral qui passe mal
Pour ses détracteurs, cet appel de Scholz à Poutine n’est rien d’autre qu’une manœuvre électorale maladroite. Le parti social-démocrate (SPD) du chancelier est en effet largement distancé dans les sondages en vue des élections anticipées du 23 février prochain. L’opposition conservatrice accuse Scholz d’avoir contribué à la “propagande” du Kremlin.
Il voulait surtout faire comprendre, en Allemagne, qu’il est celui qui mise sur les négociations, sur le dialogue.
Jürgen Hardt, porte-parole du parti conservateur CDU pour la politique étrangère
Même son de cloche du côté de la presse de gauche. Pour le quotidien TAZ, “Scholz veut maintenant jouer au ‘chancelier de la paix’ et, en s’alignant sur Poutine, il méconnaît l’objectif de la Russie”. Une partie de l’opinion publique allemande s’inquiète en effet de l’enlisement de la guerre en Ukraine et des moyens conséquents qu’y consacre Berlin, deuxième contributeur d’aide militaire après les États-Unis.
L’extrême droite et l’extrême gauche en embuscade
Cette inflexion de Scholz intervient dans un contexte de poussée des extrêmes lors des derniers scrutins régionaux. Le parti d’extrême droite AfD et un nouveau parti d’extrême gauche (BSW) y ont en effet enregistré des scores historiques en réclamant tous deux l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine. Un signal inquiétant à quelques mois des législatives où l’AfD est créditée de la deuxième place dans les sondages et le BSW en passe d’entrer au Bundestag.
Une diplomatie téléphonique contestée
Au-delà des frontières allemandes, cette “diplomatie par téléphone” de Scholz avec Poutine a aussi été mal perçue. En France, l’ancien président François Hollande y voit un “mauvais signal” alors que Donald Trump se prépare à retourner à la Maison Blanche. Le Premier ministre polonais Donald Tusk estime pour sa part que les bombardements russes intensifs sur l’Ukraine dans la nuit de samedi à dimanche “ont prouvé que la diplomatie par téléphone ne peut remplacer un véritable soutien de l’ensemble de l’Occident” à Kiev.
Scholz sur la sellette
Face à ces critiques, le chancelier Scholz s’est défendu en affirmant qu’il était nécessaire de parler à Poutine “pour lui dire qu’il ne doit pas compter sur le fait que le soutien de l’Allemagne, de l’Europe et de beaucoup d’autres dans le monde à l’Ukraine va s’affaiblir”. Mais sur le fond, cet échange n’a rien apporté de nouveau, chacun campant sur ses positions.
Au sein même du camp social-démocrate, des voix s’élèvent pour que Scholz cède sa place de candidat au ministre de la Défense Boris Pistorius, bien plus populaire. “Le SPD et moi-même sommes prêts à nous engager dans cette bataille – d’ailleurs avec l’objectif de gagner”, a réaffirmé un Scholz sous pression dimanche. À trois mois d’élections cruciales, le pari du “chancelier de la paix” est loin d’être gagné. Cette stratégie permettra-t-elle à Scholz de convaincre les électeurs allemands ou signera-t-elle au contraire son échec politique ? Réponse dans les urnes le 23 février prochain.
Au-delà des frontières allemandes, cette “diplomatie par téléphone” de Scholz avec Poutine a aussi été mal perçue. En France, l’ancien président François Hollande y voit un “mauvais signal” alors que Donald Trump se prépare à retourner à la Maison Blanche. Le Premier ministre polonais Donald Tusk estime pour sa part que les bombardements russes intensifs sur l’Ukraine dans la nuit de samedi à dimanche “ont prouvé que la diplomatie par téléphone ne peut remplacer un véritable soutien de l’ensemble de l’Occident” à Kiev.
Scholz sur la sellette
Face à ces critiques, le chancelier Scholz s’est défendu en affirmant qu’il était nécessaire de parler à Poutine “pour lui dire qu’il ne doit pas compter sur le fait que le soutien de l’Allemagne, de l’Europe et de beaucoup d’autres dans le monde à l’Ukraine va s’affaiblir”. Mais sur le fond, cet échange n’a rien apporté de nouveau, chacun campant sur ses positions.
Au sein même du camp social-démocrate, des voix s’élèvent pour que Scholz cède sa place de candidat au ministre de la Défense Boris Pistorius, bien plus populaire. “Le SPD et moi-même sommes prêts à nous engager dans cette bataille – d’ailleurs avec l’objectif de gagner”, a réaffirmé un Scholz sous pression dimanche. À trois mois d’élections cruciales, le pari du “chancelier de la paix” est loin d’être gagné. Cette stratégie permettra-t-elle à Scholz de convaincre les électeurs allemands ou signera-t-elle au contraire son échec politique ? Réponse dans les urnes le 23 février prochain.