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Olaf Scholz, le « chancelier de la paix » en quête de réélection

Le chancelier allemand Olaf Scholz a défendu sa controversée discussion avec Poutine, alors qu'il est en difficulté dans les sondages. Une manœuvre risquée pour se présenter en "chancelier de la paix" avant des élections anticipées délicates. Mais cette initiative soulève de vives critiques, y compris de la part de l'Ukraine et de la Pologne. Scholz parviendra-t-il à...

En pleine tempête politique, le chancelier allemand Olaf Scholz joue son va-tout. Fragilisé dans les sondages à l’approche d’élections législatives anticipées, il tente un pari audacieux : endosser le costume de « chancelier de la paix » en renouant le dialogue avec Vladimir Poutine. Une initiative qui soulève un tollé, de Kiev à Varsovie en passant par son propre camp. Scholz parviendra-t-il à retourner l’opinion en sa faveur avec cette manœuvre diplomatique ?

Un entretien téléphonique qui fait polémique

Vendredi dernier, pour la première fois depuis près de deux ans, Olaf Scholz s’est entretenu pendant une heure au téléphone avec Vladimir Poutine. Un geste qui a immédiatement déclenché une vague de critiques, certains l’accusant d’ouvrir une « boîte de Pandore ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a pas mâché ses mots, tandis que le Premier ministre polonais Donald Tusk estime que cette « diplomatie par téléphone » ne peut se substituer à un véritable soutien occidental à l’Ukraine. En Allemagne aussi, l’opposition conservatrice dénonce une contribution à la « propagande » du Kremlin.

Face à ce tir de barrage, le chancelier allemand se défend en affirmant avoir rappelé à Poutine que l’Allemagne et l’Europe continueront de soutenir l’Ukraine sans faiblir. Il argue aussi qu’il est nécessaire qu’un dirigeant européen de premier plan maintienne le contact avec Moscou, alors que Donald Trump, favori pour 2024, promet de mettre fin au conflit sans dire comment.

Un pari risqué à motivation électorale ?

Mais les motivations d’Olaf Scholz sont loin de convaincre. De nombreux observateurs y voient surtout une manœuvre électorale d’un dirigeant en difficulté, prêt à tout pour inverser la tendance avant les législatives anticipées du 23 février. Les sociaux-démocrates du SPD sont distancés dans les sondages, et Scholz, qui n’a plus de majorité stable pour gouverner, semble vouloir rectifier son image en jouant au « chancelier de la paix », quitte à s’aligner sur Poutine selon ses détracteurs.

« Il veut maintenant jouer au ‘chancelier de la paix’ et, en s’alignant sur Poutine, il méconnaît l’objectif de la Russie »

– Le quotidien de gauche TAZ

La montée des extrêmes, symptôme d’une opinion qui se lasse

Cette initiative s’explique aussi par la lassitude grandissante d’une partie de l’opinion publique allemande face à une guerre qui s’enlise. Les partis d’extrême droite AfD et d’extrême gauche BSW, qui réclament l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine, enregistrent des scores historiques. Crédités respectivement de la deuxième place et d’une entrée au Bundestag lors des prochaines législatives, ils contestent au SPD son statut de « parti de la paix ». En renouant le contact avec Poutine, Olaf Scholz cherche à couper l’herbe sous le pied de ses adversaires populistes.

Un signal diplomatique mal perçu en Europe

Mais au-delà des frontières allemandes, ce coup de fil à Vladimir Poutine suscite l’incompréhension et l’irritation. L’ancien président français François Hollande parle d’un « mauvais signal » envoyé à un moment où Donald Trump, chantre d’une ligne pro-russe, se prépare à reconquérir la Maison Blanche. En Ukraine et en Pologne, partenaires clés sur le front de l’Est, on s’inquiète d’un affaiblissement de la position européenne.

Un entretien au contenu limité

D’autant que sur le fond, cet entretien n’a rien donné de concret, chacun campant sur ses positions. Olaf Scholz a réaffirmé le soutien indéfectible de l’Allemagne à l’Ukraine, excluant toute décision « par-dessus la tête » de Kiev. Mais il n’a obtenu aucune concession ou ouverture de Vladimir Poutine. Une discussion pour rien, jugent les plus sceptiques.

Scholz fragilisé, la tentation d’un nouveau candidat

Au sein même du SPD, certaines voix s’élèvent désormais pour que le ministre de la Défense Boris Pistorius, nettement plus populaire, remplace Olaf Scholz comme candidat. Un scénario encore improbable, mais révélateur des doutes qui s’installent sur la capacité du chancelier à redresser la barre. En jouant au « chancelier de la paix », Scholz mise gros pour son avenir politique. Mais à ce stade, rien n’indique que cette manœuvre à hauts risques portera ses fruits dans les urnes.

Conclusion

À trois mois d’élections législatives anticipées qui s’annoncent périlleuses, Olaf Scholz tente donc un coup de poker diplomatique en renouant le dialogue avec Vladimir Poutine. Une initiative très critiquée, tant sur le plan interne qu’international, qui vise à redorer son blason de dirigeant en quête de paix. Mais ce pari risqué, à des fins électorales de plus en plus évidentes, peine à convaincre. Loin d’apaiser les tensions, il brouille le message européen de fermeté contre l’agression russe. Le « chancelier de la paix » joue son va-tout, mais la partie est loin d’être gagnée.

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