Les tensions au Moyen-Orient se sont encore intensifiées ce dimanche avec la mort d’un haut responsable du Hezbollah libanais dans une frappe israélienne ciblée en plein cœur de Beyrouth. Selon une source sécuritaire s’exprimant sous couvert d’anonymat, Mohammad Afif, responsable média de longue date du mouvement pro-iranien, a été tué lorsque l’aviation israélienne a bombardé un immeuble du quartier de Ras al-Nabaa abritant les bureaux de la branche libanaise du parti Baas syrien.
D’après le ministère libanais de la Santé, l’attaque a fait au moins un mort et trois blessés, un bilan encore préliminaire à ce stade. Mohammad Afif était une figure importante du Hezbollah, assurant depuis des années l’interface avec les médias locaux et internationaux, souvent sous couvert d’anonymat. Il avait notamment animé plusieurs conférences de presse après l’assassinat fin septembre du chef du mouvement Hassan Nasrallah dans une précédente frappe israélienne.
Une escalade meurtrière entre Israël et le Hezbollah
La mort de Mohammad Afif s’inscrit dans une escalade meurtrière entre l’État hébreu et le Hezbollah ces dernières semaines. Le 23 septembre, Israël lançait une intense campagne de bombardements au Liban visant le mouvement chiite pro-iranien, suivie le 30 septembre d’une offensive terrestre dans le sud du pays. Plusieurs hauts dirigeants du Hezbollah ont été tués, dont son secrétaire général Hassan Nasrallah et son potentiel successeur Hachem Safieddine.
Pour le Hezbollah, qui ne cache pas sa volonté d’en découdre avec l’ennemi israélien, cette nouvelle perte est un coup dur. Lors d’une de ses dernières apparitions publiques, Mohammad Afif avait revendiqué au nom du mouvement une attaque de drone contre la résidence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Refusant de se laisser intimider, il avait lancé “les bombardements ne nous ont pas fait peur, comment les menaces pourraient-elles nous faire peur ?”
L’armée israélienne refuse de commenter
Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a refusé de commenter les informations faisant état de la mort de Mohammad Afif dans le bombardement de dimanche. Une posture en ligne avec sa politique de communication depuis le début de son offensive au Liban. Mais la multiplication des frappes ciblant des figures de proue du Hezbollah ne laisse guère de doute sur sa détermination à affaiblir le mouvement chiite par une campagne d’élimination.
Sur le terrain, la situation reste très tendue avec des bombardements israéliens quasi-quotidiens sur le Liban et la menace permanente d’une escalade incontrôlée. Le gouvernement libanais, en proie à une profonde crise, semble impuissant à endiguer cette nouvelle spirale de violence à sa frontière sud. La communauté internationale appelle les deux parties à la retenue mais ses appels restent pour l’heure sans effet.
Un conflit ancien et complexe
L’affrontement entre Israël et le Hezbollah s’enracine dans l’histoire tourmentée du Moyen-Orient et les guerres à répétition entre l’État hébreu et son voisin libanais. Fondé en 1982 avec le soutien de l’Iran, le “Parti de Dieu” s’est construit en résistance à l’occupation israélienne du sud-Liban, devenant au fil des ans un acteur militaire et politique incontournable.
Malgré le retrait israélien en 2000, l’hostilité entre les deux camps n’a jamais faibli, avec une guerre dévastatrice en 2006 et des escarmouches régulières le long de la frontière. Le Hezbollah, qui dispose de dizaines de milliers de roquettes pointées vers Israël, se présente comme le dernier rempart face à un ennemi cherchant à asservir le Liban.
Côté israélien, le mouvement chiite est perçu comme une menace existentielle, un “état dans l’état” inféodé aux intérêts de Téhéran. Avec ses raids au Liban, Tsahal cherche à contenir la menace à sa frontière nord, quitte à plonger la région dans un nouveau cycle de violences. Mais dans ce face à face, aucun des deux camps ne semble pour l’heure disposé à une désescalade.
Une poudrière régionale
Au-delà de la confrontation israélo-libanaise, c’est toute la géopolitique régionale qui est en jeu. Le Hezbollah, allié indéfectible de l’Iran et de la Syrie, est un maillon essentiel de “l’axe de la résistance” face à Israël et ses partenaires occidentaux. Son affaiblissement servirait les intérêts de l’État hébreu mais aussi ceux de puissances régionales comme l’Arabie saoudite, engagée dans un bras de fer sans merci avec Téhéran.
Mais beaucoup redoutent qu’un conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah n’embrase toute la région, déjà fragilisée par les guerres en Syrie et au Yémen. Le Liban, théâtre récurrent des rivalités régionales, se retrouve une fois encore au cœur de ces turbulences. Pris en étau entre l’intransigeance du Hezbollah et la détermination israélienne, le pays du Cèdre semble plus que jamais au bord du précipice.
L’assassinat de Mohammad Afif est un nouveau développement tragique dans cette confrontation sans fin. Il rappelle que dans la poudrière du Moyen-Orient, la paix reste un horizon lointain, constamment menacé par le cycle infernal des représailles. Face à cette escalade inquiétante, le monde retient son souffle, redoutant qu’une simple étincelle ne mette le feu aux poudres dans une région où la stabilité n’est jamais acquise.