Le monde de la gymnastique est en deuil. Bela Karolyi, l’entraîneur légendaire qui a façonné certaines des plus grandes championnes de l’histoire, s’est éteint à l’âge de 82 ans. Avec son épouse Marta, il a révolutionné les méthodes d’entraînement et porté la gymnastique à de nouveaux sommets. Mais derrière les médailles et les triomphes, l’héritage de Karolyi est aussi entaché par des controverses. Retour sur le parcours fascinant de cet homme qui a marqué son sport à jamais.
Un bâtisseur de légendes
Né en Roumanie en 1942, Bela Karolyi s’est d’abord fait un nom dans son pays natal en entraînant Nadia Comaneci, première gymnaste à obtenir la note parfaite aux JO. Après avoir fait défection aux États-Unis en 1981 avec sa femme Marta, il a pris les rênes de l’équipe américaine. Sous sa direction, Mary Lou Retton est devenue la première Américaine sacrée championne olympique du concours général en 1984.
Au fil des années, le couple Karolyi a bâti un véritable empire, transformant leur ranch au Texas en centre d’entraînement de référence. Leur réputation de formateurs hors pair et leurs méthodes d’entraînement novatrices ont attiré l’élite de la gymnastique mondiale. Des champions comme Kerri Strug, Dominique Moceanu ou Simone Biles sont passés entre leurs mains expertes.
La face sombre du succès
Mais le succès des Karolyi a aussi son côté obscur. Leur style d’entraînement strict et exigeant, parfois à la limite du supportable pour de jeunes athlètes, a suscité des critiques. Dominique Moceanu, championne olympique en 1996, a décrit Bela comme un homme aux deux visages, capable de forger des champions mais aussi de laisser des blessures profondes.
Ses mots durs et son attitude critique ont lourdement pesé sur moi. Notre relation a été marquée par les difficultés.
Dominique Moceanu, championne olympique 1996
Le ranch des Karolyi a aussi été éclaboussé par le scandale des agressions sexuelles perpétrées par l’ex-médecin de l’équipe américaine Larry Nassar. Bien qu’ils n’aient pas été directement impliqués, le couple a été pointé du doigt pour l’atmosphère malsaine et le manque de supervision ayant permis ces abus.
Un héritage en demi-teinte
Malgré les zones d’ombre, l’impact des Karolyi sur la gymnastique mondiale est indéniable. Leur vision et leur détermination ont propulsé des générations de gymnastes vers les plus hautes marches des podiums. La petite Nadia Comaneci virevoltant à Montréal en 1976, Mary Lou Retton éblouissant Los Angeles en 1984… Autant d’images impérissables façonnées par le génie de ce couple pas comme les autres.
Le décès de Bela Karolyi marque la fin d’une ère. Celle des entraîneurs légendaires, visionnaires mais aussi impitoyables, prêts à repousser toutes les limites pour arracher l’or olympique. Son héritage divisera toujours, entre admiration pour ses accomplissements et questionnements sur ses méthodes. Une chose est sûre : le charismatique Roumain qui parlait d’une voix tonitruante restera à jamais une figure emblématique de son sport.
