Alors que l’Amérique est encore sous le choc de la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles du 5 novembre 2024, il s’avère que certains l’avaient prédit de longue date. En effet, plusieurs modèles prédictifs mis au point par des chercheurs américains et français avaient annoncé ce résultat surprenant. Décryptage de ces outils qui bousculent les sondages traditionnels.
Des modèles économétriques appliqués à la politique
Depuis plus de 40 ans, le Political Forecasting Group développe des modèles économétriques pour prédire l’issue des élections présidentielles américaines. Basés sur des données politiques et économiques, ces modèles mathématiques auraient vu juste dans plus de 80% des cas par le passé.
Pour l’élection de 2024 opposant Kamala Harris à Donald Trump, pas moins de 13 modèles ont été étudiés. Si les sondages donnaient les deux candidats au coude-à-coude jusqu’au dernier moment, 5 de ces modèles prédictifs annonçaient une victoire de Trump dans le vote populaire. Et sur les 11 modèles s’intéressant au vote des grands électeurs, 5 également voyaient le candidat républicain l’emporter.
En moyenne, sur l’ensemble des modèles, Donald Trump était crédité de 281 grands électeurs, soit bien au-delà des 270 nécessaires pour accéder à la Maison Blanche.
Loin des projecteurs médiatiques
Si ces modèles prédictifs restent confidentiels et peinent à trouver un écho dans les grands médias, leurs concepteurs revendiquent une méthodologie rigoureuse. Loin des sondages d’opinion et des balances politiques, il s’agit d’analyser des données chiffrées comme la croissance économique, l’inflation, le taux de chômage ou encore la popularité de l’administration sortante.
D’après une source proche de l’équipe de recherche, certains modèles intègrent même des données originales comme le taux de participation aux primaires ou le nombre de mentions des candidats sur les réseaux sociaux. Objectif : identifier les dynamiques profondes qui façonnent le choix des électeurs.
Une tendance lourde qui se confirme
Pour certains observateurs, la justesse des prévisions du Political Forecasting Group en 2024 n’est pas si surprenante. En effet, les chercheurs avaient déjà prédit contre toute attente la victoire de Trump en 2016 puis sa défaite en 2020 face à Joe Biden.
Faut-il y voir la confirmation que les modèles mathématiques ont pris le pas sur les sondages et analyses qualitatives ? Rien n’est moins sûr selon les politologues. Les modèles seraient performants pour identifier les tendances lourdes mais peineraient à intégrer les événements de campagne et les retournements de l’opinion.
Les limites d’une approche purement quantitative
La recherche politique s’est largement convertie à la puissance des données et des algorithmes ces dernières années. Mais pour beaucoup, rien ne remplace l’analyse humaine pour comprendre les subtilités d’une élection.
Les sondages et les modèles sont des outils précieux mais ils ne font que capturer un instant. Une campagne électorale est un processus vivant, avec des rebondissements que les chiffres ne peuvent pas toujours prévoir.
Un expert politique qui a requis l’anonymat
Il n’empêche que la prouesse du Political Forecasting Group impressionne et ouvre des perspectives pour le suivi des prochaines échéances électorales. Entre analyse quantitative et qualitative, c’est peut-être dans une approche hybride que réside l’avenir de la recherche politique. Les modèles prédictifs ont en tout cas prouvé leur pertinence et s’imposent comme des outils à suivre de près.