Ce dimanche, les Sénégalais se sont rendus aux urnes pour élire leur nouvelle assemblée nationale. Un scrutin législatif crucial qui permettra de jauger la popularité du nouveau pouvoir en place et ses ambitions réformatrices. Au cœur des enjeux : obtenir une majorité parlementaire forte pour mettre en œuvre le programme de « rupture » et de justice sociale porté par le président Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko.
Un exécutif en quête de légitimité et de moyens d’action
Élu à la surprise générale en mars dernier, le jeune président Bassirou Diomaye Faye, novice en politique, incarne un vent de renouveau et de changement au Sénégal. Avec son mentor Ousmane Sonko, figure montante devenue premier ministre, ils portent un projet ambitieux de transformation du pays. Mais pour cela, ils ont besoin d’une majorité solide à l’assemblée.
Depuis leur arrivée au pouvoir, l’exécutif a dû composer avec un parlement encore dominé par les soutiens de l’ancien régime. Une cohabitation houleuse qui a paralysé l’action gouvernementale. Dès que les délais constitutionnels l’ont permis, le président a dissous l’assemblée et convoqué des législatives anticipées pour se donner les moyens de gouverner.
Des réformes conditionnées à une victoire
L’exécutif a fait campagne sur son programme de « panafricanisme de gauche » avec des promesses fortes en matière de justice sociale, de lutte contre le chômage des jeunes ou encore d’amélioration des services publics. Mais son ambition ne s’arrête pas là.
Pour aller plus loin, le président souhaite aussi engager une réforme constitutionnelle d’ampleur et éventuellement lancer une procédure contre son prédécesseur, comme le réclame la rue. Mais pour cela, il a besoin d’une majorité qualifiée des trois cinquièmes à l’assemblée. Un objectif très ambitieux.
L’opposition met en garde contre un pouvoir « hégémonique »
Face à ces appétits réformateurs, l’opposition met en garde contre le risque de donner les « pleins pouvoirs » à un exécutif qu’elle juge « extrémiste » et « incompétent ». Elle agite le spectre d’une dérive autoritaire et appelle à faire barrage.
« Donner tous les leviers à ce pouvoir serait ouvrir la boîte de Pandore. Le Sénégal pourrait basculer dans l’instabilité et le chaos. »
Un responsable de l’opposition sous couvert d’anonymat
Mais malgré ces mises en garde, beaucoup d’analystes prédisent une victoire confortable de l’exécutif, porté par l’élan de la présidentielle. Les Sénégalais confirment historiquement aux législatives leur vote précédent.
Un scrutin test pour le nouveau pouvoir
Au-delà de la majorité espérée, ce scrutin permettra surtout de mesurer l’évolution de l’opinion à l’égard du nouveau pouvoir après ses premiers mois d’exercice. La participation et les reports de voix seront scrutés et analysés.
Si la victoire semble promise, son ampleur donnera une indication de la marge de manœuvre réelle de l’exécutif pour mettre en œuvre son programme. Une très large majorité sera synonyme de « carte blanche » et de « changement à marche forcée ». Un succès plus mesuré obligera à composer et tempérer les ardeurs réformatrices.
Quoi qu’il en soit, ce scrutin législatif marque un nouveau tournant dans la vie politique sénégalaise. Il actera le rapport de force pour le mandat à venir et fixera le tempo des réformes. Un test grandeur nature pour le nouveau tandem au pouvoir, son projet de transformation et sa méthode.