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Logement Social à Paris : Le Nouveau PLU Inquiète les Propriétaires

Le nouveau PLU de Paris veut imposer des logements sociaux lors de gros travaux. Les biens de l'Église dans le viseur. Inquiétudes et tensions montent chez les propriétaires parisiens. Quelles seront les conséquences sur le marché immobilier de la capitale ?

Un vent d’inquiétude souffle sur les propriétaires immobiliers parisiens. En cause : le projet de plan local d’urbanisme « bioclimatique » (PLUb) de la mairie de Paris qui doit être voté à partir du 19 novembre prochain. Ce nouveau PLU, qui entrera en vigueur début 2025, prévoit notamment d’imposer aux propriétaires une « servitude de mixité sociale » en cas de gros travaux.

Des logements sociaux obligatoires lors des rénovations

Concrètement, cela signifie que lors d’une rénovation lourde ou d’une restructuration de leur bien, les propriétaires devront réserver une partie de la surface à la création de logements sociaux. Une mesure choc qui pourrait concerner près de 800 bâtiments déjà identifiés à Paris, selon nos informations. Du luxueux 16ème arrondissement au fameux « Triangle d’Or » près des Champs-Élysées, aucun quartier ne serait épargné.

Pour la maire socialiste Anne Hidalgo, ce PLU est le « reflet de nos ambitions bioclimatiques et de notre action en faveur de la solidarité ». Mais du côté des propriétaires, c’est la douche froide. Beaucoup craignent de voir la valeur de leur patrimoine plonger et s’inquiètent des contraintes imposées.

L’Église dans le viseur

Parmi les biens particulièrement ciblés par ce nouveau PLU, on retrouve ceux de l’Église. Presbytères, bâtiments diocésains, locaux de congrégations religieuses… D’après nos sources, une proportion non négligeable d’entre eux se sont vus apposer un « emplacement réservé » en vue d’y créer du logement social.

Si cet emplacement réservé n’empêche pas la poursuite des activités religieuses, il interdit en revanche leur développement dès lors que cela nécessiterait des travaux conséquents. Un coup dur pour certaines paroisses très actives, à l’image de Sainte-Jeanne-de-Chantal ou Notre-Dame d’Auteuil dans le 16ème.

« Aveuglée par son idéologie, la mairie a oublié que les églises contribuent énormément à l’entraide locale ! », s’insurge Aurélie Pirillo, responsable communication du diocèse.

Et de citer l’exemple de l’épicerie sociale de Notre-Dame d’Auteuil, de plus en plus fréquentée, qui pourrait nécessiter un agrandissement. « Or cela ferait tomber la paroisse dans l’obligation de créer des logements sociaux… », déplore-t-elle.

Un impact sur le marché immobilier parisien ?

Au-delà de l’Église, ce sont tous les propriétaires parisiens qui s’inquiètent des répercussions de ce PLUb sur le marché immobilier de la capitale. La perspective de devoir transformer une partie de son bien en HLM lors de gros travaux pourrait en effet refroidir plus d’un investisseur.

« Cela risque de gripper le marché de l’ancien et de freiner les rénovations dont le parc a pourtant bien besoin », analyse un expert immobilier qui préfère garder l’anonymat. Sans parler de la baisse de valeur induite par cette servitude pour les biens concernés.

Quelques voix s’élèvent aussi pour questionner la légalité et la constitutionnalité d’une telle mesure. Certains y voient une atteinte au droit de propriété et s’interrogent sur une éventuelle rupture d’égalité entre propriétaires. Des recours pourraient être déposés une fois le PLU adopté.

Un débat qui s’annonce houleux au Conseil de Paris

En attendant, le débat s’annonce animé lors de l’examen du PLUb au Conseil de Paris à partir du 19 novembre. L’opposition de droite entend bien donner de la voix pour dénoncer ce qu’elle considère comme une « spoliation » et une « rupture de confiance » vis-à-vis des propriétaires.

Du côté de la majorité municipale, on assume ce choix politique fort en faveur de la mixité sociale. Anne Hidalgo et son équipe comptent sur ce levier pour atteindre l’objectif de 30% de logements sociaux à Paris d’ici 2030, contre un peu plus de 22% actuellement.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau plan local d’urbanisme “bioclimatique” s’annonce comme l’un des dossiers chauds de cette fin de mandature pour la maire de Paris. Avec en toile de fond, déjà, les élections municipales de 2026 qui se profilent.

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