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Lula défend la voix du peuple face aux marchés au G20

Le président Lula défend la voix des rues contre les marchés au G20. Il veut une alliance contre la faim et la pauvreté, taxer les plus riches et réformer la gouvernance mondiale. Mais les débats s'annoncent âpres face au retour annoncé de Trump et aux divisions...

À la veille du sommet du G20 à Rio de Janeiro, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s’est posé en héraut de la « voix des rues » face à la « voix des marchés » et au « néolibéralisme ». Devant des militants et représentants de la société civile réunis pour un G20 social en préambule du grand raout des chefs d’État, Lula a fustigé un système économique qui « aggrave les inégalités » et « accable les démocraties ».

Dans un discours enflammé, l’ex-syndicaliste de 79 ans a exhorté les citoyens à se faire entendre : « Si nous, comme leaders, n’assumons pas nos responsabilités, c’est vous qui devez faire la différence. Criez, manifestez, revendiquez, parce que sinon rien ne se passe ! » Lula compte profiter de son statut d’hôte pour lancer une « Alliance globale contre la faim et la pauvreté » et mettre sur la table des sujets qui fâchent comme une taxation des plus riches ou une réforme de la gouvernance mondiale.

Un multilatéralisme malmené et des débats qui s’annoncent houleux

Mais la partie s’annonce ardue tant le multilatéralisme a été mis à mal ces dernières années. Et le probable retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis ne devrait rien arranger. Les divisions risquent d’être profondes avec certains participants comme le président argentin ultra-libéral Javier Milei, peu enclin à goûter la dénonciation du néolibéralisme servie par Lula.

Selon une source proche de l’organisation du G20, les négociations en coulisses sont particulièrement tendues sur les dossiers économiques et géopolitiques, plusieurs pays refusant tout compromis. La question de la dette des pays pauvres, alourdie par la crise du Covid et l’inflation, sera particulièrement épineuse alors que Pékin et Washington se renvoient la balle.

Mobilisation de la société civile pour peser sur les débats

Face à ces blocages anticipés, Lula mise sur la pression de la rue. Le G20 social, initiative inédite en marge du sommet, a rassemblé depuis jeudi des milliers de représentants de la société civile venus porter leurs revendications.

Autochtones, paysans, jeunes des favelas, étudiants, activistes LGBT+… Tous ont planché sur un document commun remis à Lula. Ils y pressent les dirigeants du G20 d’« agir avec détermination » pour « renforcer les institutions internationales », « combattre la faim et les inégalités », « protéger les écosystèmes » et même créer une « taxation progressive des super-riches ».

La voix de Lula portera-t-elle au sein du concert des nations ?

Reste à savoir si la voix de Lula, affaibli sur le plan intérieur, portera au sein du concert des grandes puissances. Son pari est osé : faire bouger les lignes sur des sujets majeurs en s’appuyant sur la mobilisation populaire et la légitimité d’un sommet social inédit. Certains doutent d’un réel impact sur l’agenda officiel d’un G20 largement sclérosé.

Mais d’autres veulent croire que l’impulsion de Rio, portée par un pays émergent, peut contribuer à redonner un nouveau souffle au multilatéralisme. Et à réinjecter les aspirations des peuples dans des discussions trop souvent monopolisées par les intérêts économiques et stratégiques des États. Un enjeu crucial à l’heure où les crises globales mettent à rude épreuve la coopération internationale.

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