Au cœur de l’est de la République Démocratique du Congo, un événement culturel majeur vient de prendre vie malgré les obstacles. Le Festival Amani, véritable symbole de paix dans une région meurtrie par les conflits, a finalement débuté ce samedi à Goma après la levée in extremis de son interdiction par les autorités locales.
Une 10ème édition sous le signe de la résilience
Initialement annulée jeudi par le maire de Goma pour des raisons sécuritaires, la dixième édition de ce rassemblement musical et culturel a pu se tenir avec deux jours de retard et une programmation réduite. Malgré la pluie et les incertitudes, des milliers de spectateurs se sont réunis sur un terrain au bord du majestueux lac Kivu pour assister aux premiers concerts.
Nous pensions que ça serait un fiasco mais finalement il y a eu du monde.
David Bantu, artiste résidant à Goma
Un message d’espoir face aux défis sécuritaires
L’est de la RDC est confronté depuis fin 2021 à la résurgence du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda voisin. Cette rébellion a conquis de vastes territoires, encerclant quasiment la ville de Goma où s’entassent des centaines de milliers de déplacés. C’est dans ce contexte tendu que le Festival Amani prend tout son sens, comme l’explique Yassin Iganze Gloire, entrepreneur local :
Le festival va montrer au monde à quel point la population est résiliente dans une région meurtrie par la guerre.
Yassin Iganze Gloire, entrepreneur agro-alimentaire de Goma
La culture, vecteur de fraternité au-delà des frontières
Avec un prix d’entrée symbolique d’un dollar, le Festival Amani offre une occasion rare aux Gomatraciens de voir sur scène de grands noms de la musique congolaise et internationale. Mais au-delà du divertissement, c’est un véritable message de paix et de fraternité qui est véhiculé, comme en témoigne Cyprien Uwayezu, spectateur venu spécialement du Rwanda :
Malgré le conflit, la culture est au-dessus des discours politiques et parfois des discours de haine. Mes amis burundais et congolais sont ici, moi franchement je me sens épanoui.
Cyprien Uwayezu, spectateur rwandais
Goma, bien plus qu’une ville en guerre
Pour les habitants de Goma, ce festival est une bouffée d’air frais qui leur permet de montrer un autre visage de leur ville, trop souvent associée uniquement à la guerre dans les médias. Kambale Dorcy, un Gomatracien, insiste sur l’importance de cet événement :
C’est un symbole important pour la ville, car quand on parle de Goma dans le monde, c’est pour ne parler que de la guerre la plupart du temps.
Kambale Dorcy, habitant de Goma
Le Festival Amani, qui signifie “paix” en swahili, porte décidément bien son nom. Malgré un contexte sécuritaire des plus précaires, il parvient depuis dix ans à rassembler artistes locaux et internationaux dans un esprit de fraternité et de résilience. Un exemple inspirant qui prouve que l’art et la culture ont le pouvoir de transcender les conflits les plus tenaces pour faire briller la lumière de l’espoir.