L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche suscite le scepticisme en Iran quant à la possibilité d’un dialogue avec les États-Unis, compte tenu du lourd passif entre les deux pays. Malgré un récent signe d’ouverture de Téhéran appelant le futur président américain à adopter une nouvelle politique, de nombreux Iraniens doutent de sa volonté de négocier.
Une politique de “pression maximale” sous le premier mandat de Trump
Durant son premier mandat de 2017 à 2021, Donald Trump a été l’artisan d’une politique qualifiée de “pression maximale” à l’encontre de l’Iran. Il a notamment rétabli de lourdes sanctions économiques que l’administration de son successeur Joe Biden a maintenues jusqu’à présent.
Selon Saïd Sohrabi, un employé iranien du secteur privé, il est peu probable que Trump souhaite parler à l’Iran. “Si, pour leurs intérêts, ils (les Américains) ont besoin de faire la paix, ils le feront. Si c’est par la guerre, ils suivront cette voie”, confie-t-il à l’AFP.
Des relations rompues depuis la Révolution islamique
Les États-Unis et l’Iran, autrefois proches alliés, ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 peu après la Révolution islamique qui a renversé la dynastie Pahlavi soutenue par Washington. Depuis, les deux pays communiquent indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains, mais aussi du sultanat d’Oman qui sert généralement d’intermédiaire.
D’après le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, des canaux de communication indirects avec les États-Unis sont toujours actifs malgré les tensions.
Un gouvernement iranien plus enclin à négocier ?
Certains Iraniens pensent qu’en tant qu’homme d’affaires, Donald Trump pourrait être plus à même de conclure un accord avec l’Iran. “Notre gouvernement actuel est réformiste et donc plus enclin à négocier avec les États-Unis”, souligne une étudiante de 25 ans sous couvert d’anonymat.
Le président iranien Massoud Pezeshkian, en poste depuis juillet, est en effet partisan d’un dialogue avec les pays occidentaux pour aboutir à une levée partielle des sanctions pénalisant l’économie du pays. Mais selon l’étudiante, la future administration Trump “ressemble plus à un gouvernement de guerre que de paix ou de négociation”.
Une équipe hostile à l’Iran
Donald Trump a nommé à la tête de la diplomatie américaine Marco Rubio, connu pour son hostilité envers la Chine et l’Iran. Une nomination qui ne plaide pas en faveur d’un apaisement des relations entre Washington et Téhéran.
La nation iranienne est très douce et ne demande pas grand-chose. Elle veut juste la paix et une économie normale.
Fatemeh Salehi, femme au foyer de 72 ans
Malgré le scepticisme ambiant, certains Iraniens espèrent toujours un changement de cap des États-Unis. “La nation iranienne est très douce et ne demande pas grand-chose”, assure Fatemeh Salehi, une femme au foyer de 72 ans. “Elle veut juste la paix et une économie normale”.
Il reste à voir si Donald Trump répondra favorablement aux attentes du peuple iranien ou s’il maintiendra la ligne dure de son premier mandat. L’avenir des relations entre les deux pays ennemis dépendra en grande partie de l’approche choisie par le prochain locataire de la Maison Blanche et de la réaction de Téhéran.