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Libérations Attendues de Détenus Politiques au Venezuela

Au moins 10 détenus politiques vénézuéliens libérés ce samedi matin. D'autres libérations attendues parmi les 2400 personnes arrêtées suite à la réélection contestée de Maduro. La situation des droits humains reste très préoccupante au Venezuela avec près de 2000 prisonniers politiques selon l'ONG Foro Penal.

Alors que le Venezuela traverse une grave crise politique et humanitaire, un espoir semble poindre pour certains détenus arrêtés dans le cadre des troubles post-électoraux. Selon l’ONG vénézuélienne Foro Penal, au moins dix prisonniers politiques ont été libérés ce samedi matin. Une nouvelle encourageante qui laisse espérer d’autres remises en liberté à venir.

Le réexamen de 225 dossiers annoncé

Suite à la réélection très contestée de Nicolas Maduro le 28 juillet dernier, des manifestations spontanées ont éclaté dans tout le pays, conduisant à l’arrestation de quelque 2400 personnes selon des sources officielles. Face à l’ampleur de la répression, le parquet vénézuélien a finalement annoncé le réexamen de 225 dossiers parmi ces détenus. Une décision saluée par les défenseurs des droits humains, même si elle ne concerne qu’une partie des prisonniers.

Alfredo Romero, directeur de Foro Penal, a confirmé la libération d’au moins dix détenus samedi matin. Sur le réseau social X (ex-Twitter), il a écrit : “Depuis tôt ce matin, il y a des libérations de prisonniers politiques”. Une information corroborée par une autre ONG, Coalition pour les droits de l’homme. Si ces premières remises en liberté sont une bonne nouvelle, il reste à espérer que le mouvement se poursuive dans les prochains jours.

Un bilan humain très lourd

La crise post-électorale a eu un impact dramatique au Venezuela. Selon le procureur général Tarek William Saab, les troubles ont fait “28 morts, près de 200 blessés et 500 biens publics et privés détruits”. Un bilan déjà très lourd auquel s’ajoutent les milliers d’arrestations, dont 69 mineurs selon Foro Penal. Des chiffres qui témoignent de l’ampleur de la répression menée par le régime de Nicolas Maduro.

Appel de Maduro à “rectifier les erreurs”

C’est dans ce contexte que le président vénézuélien lui-même a lancé un appel à réexaminer certains dossiers de détenus. Lors d’une allocution lundi, il a déclaré : “S’il y a des cas à rectifier et à réexaminer, c’est aussi pour que justice soit faite (…) au cas où il y aurait eu une sorte d’erreur de procédure”. Un revirement inattendu de la part du dirigeant chaviste, qui semble ainsi reconnaître implicitement des abus dans la répression des manifestations.

Depuis mardi, le parquet tient des réunions avec les proches de nombreux détenus qui affirment que leurs parents n’ont pas participé aux manifestations ou qu’ils ont été torturés. Des centaines de familles se sont mobilisées ces dernières semaines pour réclamer la libération de leurs proches emprisonnés, souvent dans des conditions très dures.

L’opposition dénonce des détentions “inhumaines”

Car si les libérations de ce samedi matin sont une lueur d’espoir, la situation des droits humains reste très préoccupante au Venezuela. L’opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle et dit avoir les preuves d’une fraude massive, ne cesse de dénoncer les conditions “inhumaines” dans lesquelles sont détenus les prisonniers politiques. Un militant est d’ailleurs décédé jeudi en détention des suites de problèmes de santé.

Sa famille avait alerté la veille sur l’état préoccupant d’une de ses jambes, nécrosée, qui aurait dû être amputée. Mais les autorités pénitentiaires n’ont pas donné suite. Un drame qui illustre la dureté des conditions de détention et le peu de cas fait de la santé des prisonniers.

Près de 2000 prisonniers politiques selon Foro Penal

Au-delà des 2400 personnes arrêtées dans le cadre de la crise post-électorale, l’ONG Foro Penal recense actuellement pas moins de 1976 “prisonniers politiques” au Venezuela. Un chiffre considérable, en très forte augmentation par rapport à la situation d’avant le scrutin du 28 juillet où ils étaient 305.

“Nous parlons du plus grand nombre de prisonniers politiques du XXIe siècle, du plus grand nombre de prisonniers politiques de tout le continent américain”

Alfredo Romero, directeur de Foro Penal

Cette “crise répressive” sans précédent témoigne de la dérive autoritaire du régime de Nicolas Maduro qui s’accroche au pouvoir malgré une contestation grandissante et une crise économique et sociale abyssale. Les libérations de ce samedi matin sont une petite avancée, mais le chemin vers le respect des droits humains et de l’État de droit est encore long au Venezuela.

Au final, si la libération d’au moins dix détenus et l’examen de 225 autres dossiers est un premier pas positif, cela ne doit pas faire oublier l’ampleur de la répression qui s’est abattue sur le Venezuela. Avec près de 2000 prisonniers politiques et des conditions de détention souvent indignes, le pays est plus que jamais pointé du doigt par les défenseurs des droits humains. La communauté internationale, jusqu’ici plutôt en retrait, sera attentive aux prochains développements et à la concrétisation des promesses de libérations. Le sort de nombreux vénézuéliens en dépend.

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