Un message sur X, l’ancien Twitter, posté par une chroniqueuse du journal conservateur The Telegraph a déclenché une vive polémique sur la liberté d’expression au Royaume-Uni ces derniers jours. En cause, l’ouverture d’une enquête de police suite à un signalement pour “incitation à la haine raciale” visant la journaliste. Une affaire qui divise profondément l’opinion et la classe politique britanniques.
Une enquête de police qui choque
Tout commence il y a un an, en octobre 2022, lorsqu’Allison Pearson, chroniqueuse au Telegraph, poste un message sur X commentant une photo de policiers posant avec des manifestants pro-palestiniens. Selon des sources proches du dossier, elle aurait écrit : “Regardez ces gens qui sourient avec ceux qui détestent les juifs”. Un an plus tard, ce message lui vaut donc une visite de la police, venue l’informer de l’ouverture d’une enquête à son encontre.
Une intrusion dans sa vie privée que la journaliste dénonce avec force, se disant “sidérée” et “choquée”. Mais au-delà de son cas personnel, c’est un débat national sur les limites de la liberté d’expression que cette affaire a provoqué.
La droite conservatrice monte au créneau
Du côté de la droite et de l’extrême droite, les soutiens à Allison Pearson sont nombreux et virulents. L’ancienne Première ministre Liz Truss a ainsi déclaré que “la liberté d’expression est clairement menacée dans le Royaume-Uni de Keir Starmer”, l’actuel chef du gouvernement travailliste.
Boris Johnson, autre figure des conservateurs et ex-Premier ministre, est allé encore plus loin en comparant cette affaire à “ce que l’Union Soviétique avait de pire”. Il a appelé la police à “surveiller les rues, pas les tweets”.
Nous ne devrions pas voir des journalistes recevoir la visite de la police pour avoir exprimé des opinions.
Kemi Badenoch, cheffe de l’opposition conservatrice
La gauche appelle à revoir les lois
Si la gauche semble moins prompte à s’enflammer sur ce sujet, certaines voix s’élèvent tout de même pour appeler à une révision des lois encadrant la liberté d’expression. C’est le cas notamment de Kemi Badenoch, cheffe de l’opposition conservatrice, qui estime que “le fait que les gens ne prennent pas la liberté d’expression au sérieux est un problème de longue date”.
Du côté de la police, on se défend en expliquant avoir agi suite au signalement d’un “possible crime de haine” par un particulier. Mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits, le président du parti d’extrême droite Reform UK allant jusqu’à exiger des excuses publiques à la journaliste.
Un sujet qui divise profondément
Au final, cette affaire illustre surtout les profondes divisions qui agitent la société britannique dès qu’il est question de liberté d’expression. Entre ceux qui y voient un droit fondamental à préserver à tout prix et ceux qui appellent à un meilleur encadrement pour lutter contre la haine, le débat semble parti pour durer.
Une chose est sûre, le gouvernement va devoir se saisir du sujet pour tenter d’apaiser les tensions. Sans quoi, d’autres polémiques du même type risquent fort d’éclater à l’avenir dans un pays de plus en plus clivé. La tâche s’annonce ardue pour trouver le bon équilibre entre liberté et responsabilité.