Le débat sur les limites de la liberté d’expression refait surface au Royaume-Uni après qu’une chroniqueuse du journal conservateur The Telegraph a fait l’objet d’une enquête policière. Accusée d’avoir publié sur le réseau social X (ex-Twitter) un message incitant à la haine raciale, cette affaire suscite de vives réactions dans la sphère politique britannique.
Une enquête qui passe mal
Selon une source proche du dossier, la police se serait rendue dimanche dernier au domicile d’Allison Pearson, chroniqueuse au Telegraph, pour l’informer de l’ouverture d’une enquête à son encontre. En cause : la publication il y a un an d’un message signalé par un internaute comme une possible incitation à la haine raciale.
D’après nos informations, le message en question, supprimé depuis, montrait une photo de deux policiers posant avec des sympathisants d’un parti politique pakistanais lors de manifestations pro-palestiniennes l’an dernier. La journaliste aurait commenté de manière controversée le refus de la police de poser avec des soutiens pro-israéliens.
La principale intéressée crie au scandale
Allison Pearson s’est dite “sidérée” et “choquée” par cette procédure qu’elle dénonce comme “une intrusion de l’État dans sa vie privée”. Des sources proches de la chroniqueuse indiquent qu’elle conteste fermement toute intention haineuse et invoque son droit à exprimer une opinion, certes clivante, mais qui relève de sa liberté d’expression.
La droite conservatrice monte au créneau
Cette affaire a suscité un vif émoi, notamment dans les rangs de la droite conservatrice et de l’extrême droite. De nombreuses figures politiques ont pris la défense d’Allison Pearson, y voyant une atteinte inquiétante à la liberté d’expression.
Nous ne devrions pas voir des journalistes recevoir la visite de la police pour avoir exprimé des opinions.
Kemi Badenoch, cheffe de l’opposition conservatrice
L’ancienne Première ministre Liz Truss a aussi dénoncé sur X une dérive “orwellienne”, tandis que l’ex-chef du gouvernement Boris Johnson a comparé cette affaire à “l’Union soviétique dans ce qu’elle avait de pire”.
Le gouvernement travailliste temporise
Face à ces critiques, le Premier ministre travailliste Rishi Sunak a réagi avec prudence. Tout en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression, il a rappelé la nécessité de lutter contre les discours de haine et de laisser la police mener son enquête en toute indépendance.
La liberté d’expression n’est pas un blanc-seing pour tenir des propos haineux. Il appartient à la justice d’évaluer ce dossier au regard de la loi.
Rishi Sunak, Premier ministre
La police se défend
De son côté, la police a justifié l’ouverture de cette enquête par le signalement d’un “possible crime de haine” par un internaute, ajoutant agir “conformément aux procédures en vigueur”. Les syndicats policiers dénoncent la pression politique et médiatique qui s’exerce sur les enquêteurs, appelant à “laisser la justice suivre son cours”.
Un débat ravivé sur les limites de la liberté d’expression
Plus largement, cette polémique ravive le débat sur les contours de la liberté d’expression au Royaume-Uni et le rôle de la police face aux discours controversés. Les conservateurs réclament une révision des lois encadrant ce droit fondamental, accusées de “museler les opinions”.
Le fait que les gens ne prennent pas la liberté d’expression au sérieux est un problème de longue date. Il faut réformer notre législation.
Kemi Badenoch, cheffe de l’opposition
A l’inverse, des voix s’élèvent à gauche pour défendre la nécessité de sanctionner les propos haineux, tout en reconnaissant le besoin de clarifier le cadre légal pour éviter les abus. L’affaire Allison Pearson promet en tout cas d’animer encore longtemps le débat politique outre-Manche.