C’est un constat alarmant que dresse le Secours catholique dans son dernier rapport statistique annuel sur l’état de la pauvreté en France, publié ce jeudi 14 novembre 2024. L’association, qui a accueilli plus d’un million de personnes en 2023, alerte sur la situation des plus précaires qui continue de se dégrader, y compris dans les territoires jusqu’ici relativement épargnés comme l’Ille-et-Vilaine. Mais ce sont surtout les chiffres concernant les étrangers qui interpellent.
80% des ménages aidés sont étrangers en Ile-de-France
Alors que la crise migratoire s’enlise et que le gouvernement peine à apporter des réponses, le Secours catholique constate sur le terrain une paupérisation grandissante des populations étrangères. Elles représentent désormais 80% des ménages rencontrés par l’association en Ile-de-France, et 48% en Auvergne-Rhône-Alpes. Des proportions vertigineuses qui illustrent l’ampleur du défi auquel est confronté notre pays.
Un niveau de vie qui s’effondre
Plus inquiétant encore, le niveau de vie médian des ménages aidés par le Secours catholique a reculé de 19€ en un an, pour atteindre péniblement 555€ par mois en 2023. Bien en-deçà du seuil de pauvreté donc. Et la situation est pire encore pour les étrangers, puisque parmi les personnes rencontrées par l’association, ce sont celles de nationalité étrangère qui connaissent de loin les situations les plus précaires.
L’impossible accès aux aides sociales
Comment expliquer une telle précarité ? Le Secours catholique pointe du doigt les difficultés grandissantes pour accéder aux prestations sociales, devenues “un véritable parcours du combattant” selon l’association. En cause : la dématérialisation à marche forcée des démarches administratives, le durcissement continu des critères d’éligibilité et la complexité kafkaïenne des processus.
Avec la disparition des guichets, tout se fait désormais en ligne. Pour quelqu’un qui est dans la précarité, le prix d’un smartphone est un obstacle, tout comme le coût des forfaits.
Owen Morandeau, animateur de réseau au Secours catholique
Une situation aggravée par le fait que la plupart des aides sont conditionnées à une présence régulière sur le territoire depuis plusieurs années, voire à la détention d’un titre de séjour. Autant de conditions que ne peuvent remplir de nombreux étrangers récemment arrivés en France.
L’Ille-et-Vilaine n’est pas épargnée
Longtemps perçue comme relativement préservée, l’Ille-et-Vilaine n’échappe pas à la tendance. Le Secours catholique y vient en aide chaque année à près de 10 000 personnes. Avec un niveau de vie médian à 293€ par mois pour les ménages aidés, soit moitié moins que la moyenne nationale déjà très faible, le département breton compte lui aussi ses poches d’extrême pauvreté.
En tant que préfecture de Région, Rennes voit arriver de nombreux migrants. Parmi eux, une personne sur deux a zéro ressources, elle est dans la survie.
Un responsable du Secours catholique d’Ille-et-Vilaine
Qu’ils soient demandeurs d’asile ou détenteurs d’un titre de séjour, beaucoup se retrouvent à la rue, les structures d’hébergement étant complètement débordées. Une situation particulièrement préoccupante à l’approche de l’hiver.
L’urgence d’agir
Face à l’ampleur de la crise, les associations tirent la sonnette d’alarme et en appellent aux pouvoirs publics. Car si rien n’est fait, la situation ne peut qu’empirer, avec le risque de voir se développer une véritable crise humanitaire sur notre propre sol. Il y a urgence à agir, pour que la France reste fidèle à ses valeurs de solidarité et de fraternité. Le défi est immense, mais nous n’avons pas le droit de détourner le regard.