En ce samedi après-midi ensoleillé de novembre, le Stade de la Mosson s’apprête à vivre un moment d’émotion. À l’occasion du 50e anniversaire du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC), un match de gala est organisé, réunissant anciennes gloires et joueurs internationaux. Mais au-delà de la fête, les déclarations du président Laurent Nicollin dans les colonnes de Midi Libre font jaser. L’homme fort du club héraultais, en poste depuis 2017 après le décès de son père Louis, semble s’interroger sur son avenir à la tête du MHSC, au moment-même où le projet d’un nouveau stade se profile.
« Une vie après la Mosson ? Peut-être que non »
Interrogé par le quotidien régional, Laurent Nicollin n’a pas fait dans la langue de bois. À la question de savoir s’il envisage une vie après la Mosson, stade emblématique qui a vu grandir le MHSC, le président lâche avec un brin de fatalisme : « Peut-être que non, je ne sais pas. » Une petite phrase lourde de sens, qui en dit long sur les doutes qui assaillent le dirigeant montpelliérain quant à son futur à la tête du club. Lui qui a vu le jour dans le sillage de la Paillade, au fil de l’ascension de son père Louis, fondateur du groupe de collecte des déchets Nicollin, semble en proie à un questionnement existentiel.
« Il est certain qu’avec un nouveau stade, il faudra créer une histoire, une identité, un lien […] J’espère que le club continuera à perdurer, parce qu’il ne faudrait pas qu’il décline en même temps que le stade. »
Laurent Nicollin, Président du MHSC
Un état d’esprit qu’on peut aisément comprendre. Depuis 1974, la Mosson et le MHSC sont indissociables. Ils ont grandi ensemble, connu les heures fastes comme les moments de galère. Pour Laurent Nicollin, imaginer le club sous d’autres cieux relève presque de la trahison. Pourtant, c’est bien ce qui risque d’arriver dans les années à venir, avec le projet d’un nouveau stade porté par la métropole de Montpellier.
Le casse-tête du nouveau stade
Cette enceinte flambant neuve, synonyme d’avenir radieux pour certains, soulève bien des interrogations chez Laurent Nicollin. Comment assurer une transition en douceur ? Quid de l’identité du club, forgée pendant un demi-siècle dans le chaudron de la Mosson ? Le patron de la Paillade se veut lucide :
« On va tout faire pour que la passation avec un nouveau stade se passe du mieux possible, avec un club toujours en Ligue 1, fier de ses résultats et de ses supporters. Après est-ce que je serai dans cette nouvelle histoire ? »
Laurent Nicollin, Président du MHSC
Voilà qui a le mérite d’être clair. S’il assure qu’il mettra tout en œuvre pour que la greffe prenne, Laurent Nicollin n’est pas certain d’en être l’acteur principal. À 59 ans, celui qui a passé sa vie dans l’ombre tutélaire de Louis Nicollin s’interroge. A-t-il encore la force et l’envie de se lancer dans un projet d’une telle ampleur ? Rien n’est moins sûr.
L’âme populaire de la Paillade en jeu
Derrière les états d’âme de son président, c’est toute l’identité du MHSC qui est en question. Club populaire par excellence, la Paillade a bâti sa légende sur des valeurs de proximité et d’authenticité, à l’image du groupe Nicollin et de son fondateur Louis, patron truculent et proche de ses joueurs. Une âme que Laurent Nicollin a su préserver, lui qui aime à rappeler ses origines modestes.
« À partir du moment où tu fais les poubelles, tu es automatiquement étiqueté “milieu populaire”. On a cette âme, cet esprit-là, et on le revendique. »
Laurent Nicollin, Président du MHSC
Mais dans un football business où l’argent est roi, cette identité singulière n’est-elle pas vouée à disparaître ? C’est tout l’enjeu des années à venir pour le MHSC. Réussir sa mue sans se renier. Un sacré défi, que Laurent Nicollin n’est pas certain de vouloir relever.
50 bougies et des questions
En attendant, place à la fête ! Ce samedi, le peuple pailladin a rendez-vous avec son histoire. Pour souffler les 50 bougies du club, Laurent Blanc, Vitorino Hilton, Julio César et bien d’autres seront de la partie. L’occasion de se rappeler les belles heures du MHSC et d’oublier, le temps d’une après-midi, les incertitudes qui planent sur son avenir.
Car une page semble bel et bien sur le point de se tourner à Montpellier. L’ère Nicollin, débutée en 1974 avec Louis, s’achèvera-t-elle en même temps que la Mosson ? Seul Laurent détient la réponse. Mais une chose est sûre : si le club veut continuer à grandir sans perdre son âme, il faudra bien plus qu’un nouveau stade. Il faudra des hommes capables de porter haut et fort l’héritage de la Paillade. Cet ADN singulier qui fait du MHSC ce qu’il est depuis 50 ans. Un club à la fois ambitieux et populaire, à l’image de la ville dont il porte les couleurs.