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Le Gabon Vote Sur Une Nouvelle Constitution Post-Putsch

Le Gabon à la croisée des chemins : les citoyens votent sur une nouvelle Constitution présentée comme un "tournant majeur" après le putsch. Entre espoirs et critiques, quel sera le verdict des urnes et l'avenir politique du pays ? Décryptage.

Ce samedi, les Gabonais sont appelés aux urnes pour se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution, présenté par le régime issu du putsch d’août 2023 comme “un tournant majeur” pour le pays. Bulletin vert pour le “oui” ou bulletin rouge pour le “non”, les quelques 860 000 électeurs ont le choix entre deux voies pour l’avenir de leur nation.

Un Référendum Sous Haute Surveillance

Pas moins de 2 835 bureaux de vote ont été mis en place à travers le Gabon, supervisés par des commissions électorales formées sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Un dispositif exceptionnel rendu nécessaire par la dissolution des instances électorales après le coup d’État qui a renversé la dynastie Bongo, au pouvoir depuis 55 ans.

Pour motiver les électeurs à se rendre aux urnes, le pouvoir de transition n’a pas lésiné sur les moyens : multiplication des appels au vote dans les médias et sur les réseaux sociaux, octroi de jours de congé, assouplissement des règles de changement de bureau de vote… Tout est mis en œuvre pour assurer une forte participation, véritable enjeu du scrutin selon de nombreux observateurs.

Les Grandes Lignes du Projet de Constitution

Le texte soumis au vote des Gabonais prévoit plusieurs changements majeurs dans l’organisation des pouvoirs :

  • Un mandat présidentiel de 7 ans, renouvelable une seule fois
  • Un régime présidentiel avec un exécutif fort, sans Premier ministre mais avec un vice-président nommé
  • Le pouvoir pour le président de dissoudre l’Assemblée nationale
  • Des conditions de nationalité et de situation familiale plus strictes pour les candidats à la présidence

Si le “oui” l’emporte, la prochaine étape sera l’organisation d’une élection présidentielle, prévue en août 2025, pour mettre un terme à la période de transition ouverte par le putsch.

Entre Espoirs et Critiques

Pour les partisans du nouveau pouvoir, cette Constitution ouvre la voie à “un essor vers la félicité” selon les mots du général Brice Oligui Nguema, chef de la transition qui assume ses ambitions présidentielles. Un enthousiasme tempéré par les opposants qui dénoncent “un texte taillé sur mesure” pour le nouvel homme fort du pays et craignent la mise en place d’une nouvelle dictature.

Nous fabriquons de toutes pièces un dictateur qui conçoit la Constitution pour lui-même.

Marlène Fabienne Essola Efountame, juriste

Des critiques balayées par les soutiens de la junte qui mettent en avant les progrès en matière de liberté d’expression, avec l’organisation de grands débats contradictoires dans les médias, chose inédite sous l’ancien régime.

Quelle Adhésion Populaire ?

En l’absence de sondages fiables, il est difficile de prédire l’issue du scrutin. Une enquête d’opinion réalisée en octobre dernier donne néanmoins quelques indications sur l’état de l’opinion :

  • 86,7% des personnes interrogées estiment que le pays va dans la bonne direction
  • 53,8% jugent plutôt positivement la gestion économique du gouvernement de transition
  • 46,4% font “beaucoup confiance” au général Oligui, qui arrive en tête des intentions de vote pour la présidentielle

Parmi les problèmes jugés les plus urgents par la population figurent le chômage, la santé, l’état des routes, l’insécurité et la hausse du coût de la vie. Autant de défis à relever pour les nouvelles autorités, quel que soit le résultat des urnes.

Des Garanties de Transparence ?

Critiqué pour avoir privé d’accès les observateurs internationaux lors de la présidentielle contestée d’août 2023, le pouvoir assure cette fois avoir pris toutes les dispositions pour garantir la transparence du scrutin. Des experts étrangers ont ainsi été conviés et les résultats provisoires promis dans “les plus brefs délais”, avant une validation définitive par la Cour constitutionnelle après examen d’éventuels recours.

Au-delà de l’aspect technique, c’est la sincérité du vote qui sera scrutée de près, tant au Gabon qu’à l’extérieur. Car de l’acceptation des résultats dépendra la suite de la transition politique et la reconnaissance de la communauté internationale, deux enjeux cruciaux pour l’avenir à court et moyen terme de ce pays d’Afrique centrale.

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