À un peu plus d’un an de l’élection présidentielle américaine de 2024, l’équipe de campagne de Joe Biden s’efforce de colmater les brèches face à l’effritement préoccupant du soutien des électeurs noirs et latinos envers le président sortant. Malgré une stratégie offensive et des investissements conséquents pour reconquérir ces électorats clés, les sondages restent défavorables, laissant craindre une potentielle percée de Donald Trump dans ces bastions démocrates traditionnels.
Une érosion inquiétante du vote minoritaire
Depuis plusieurs mois, les enquêtes d’opinion alertent sur la perte de vitesse de Joe Biden auprès des électeurs noirs et latinos, ouvrant une brèche dans laquelle Donald Trump s’engouffre avec délectation. L’ancien président républicain multiplie les piques et les meetings ciblés, se targuant de pouvoir arracher ces précieux soutiens à son rival démocrate en novembre prochain.
Joe Biden est un président faible, raté et malhonnête dont les politiques désastreuses n’ont rien fait pour notre communauté
– Danielle Alvarez, conseillère campagne Trump
Du côté de Biden, on s’efforce toutefois de minimiser la menace, assurant avoir un plan bien rodé pour fidéliser durablement l’électorat noir et latino. Investissements précoces sur le terrain, publicités ciblées, présence médiatique renforcée… Les stratèges démocrates disent avoir anticipé le défi de longue date.
Mobilisation intensive auprès des électeurs noirs
Pour reconquérir le vote afro-américain, l’équipe Biden mise sur une présence de terrain intensive, multipliant les visites du président, de la vice-présidente Kamala Harris et des porte-paroles dans les bastions noirs. Églises, petits commerces, événements communautaires… Aucun espace n’est négligé pour marteler le bilan de l’administration sur des thèmes porteurs comme le faible taux de chômage, la hausse des richesses ou l’annulation de la dette étudiante.
Mais le défi reste entier pour faire passer le message, alors que 71% des Noirs soutiennent encore Biden contre 13% pour Trump selon un sondage NBC, certes en baisse par rapport aux 87% de 2020. La crainte d’une démobilisation plane, seuls 54% se disant enthousiastes à l’idée d’une nouvelle candidature Biden début 2023, contre 74% trois ans plus tôt.
La bataille acharnée du vote latino
Autre front sensible, la communauté hispanique, courtisée sans relâche par les deux camps. Là encore, la campagne Biden a dégainé tôt, avec 25 millions de dollars de publicités en espagnol depuis l’été dernier, ciblant finement son message selon les origines et les États, de la Floride à la Pennsylvanie en passant par l’Arizona.
Mais les voyants sont au rouge, Biden et Trump étant au coude-à-coude chez les Latinos dans les sondages, à respectivement 41% et 42%. Un trou d’air spectaculaire comparé à l’avance de 65% à 32% du démocrate en 2020. Pour enrayer l’hémorragie, son camp mise tout sur le terrain, persuadé que la diffusion de son bilan et de ses mesures phares (droits des femmes, contrôle des armes, santé…) lui permettra de reprendre la main in fine.
Trump en embuscade, une menace à ne pas sous-estimer
Face à ces signaux préoccupants, Donald Trump affiche une confiance triomphante, persuadé de pouvoir arracher des parts significatives du vote noir et hispanique à son rival. Au-delà des sondages, le républicain mise sur la déception et la colère d’une partie de ces électorats face au bilan économique de Biden.
Mais pour les stratèges démocrates, la contre-offensive trumpiste relève davantage de l’esbroufe que d’un réel travail de fond. Ils soulignent le manque d’investissement financier et humain de l’ancien président pour l’instant, pariant que son retard sera difficile à combler dans la dernière ligne droite.
Un enjeu crucial pour l’issue du scrutin
Au final, la capacité de Joe Biden à enrayer la fuite des électeurs noirs et latinos constituera un enjeu majeur de sa réélection. Si la tendance actuelle se confirmait, cela pourrait lui coûter cher dans des swing states serrés comme la Géorgie, l’Arizona ou la Pennsylvanie.
Le camp démocrate se veut toutefois confiant, persuadé que son travail de terrain et la solidité de son maillage militant finiront par payer, surtout quand les électeurs devront choisir entre deux candidats aux projets diamétralement opposés. Verdict en novembre 2024, pour un scrutin qui s’annonce d’ores et déjà explosif.