En ce week-end de novembre, alors que le monde du ballon rond a les yeux rivés sur la Coupe du monde au Qatar, une autre compétition mythique bat son plein dans l’hexagone : la Coupe de France. Et parmi les rescapés de ce 7e tour, il y a un petit poucet qui fait rêver tout le football amateur français. Son nom : l’Étoile Saint-Philbert-Reorthe-JA, modeste club de D3 de Vendée. Retour sur le parcours hors-norme de cette équipe qui s’apprête à défier les cadors du niveau régional, avec l’espoir d’écrire l’une des plus belles pages de sa jeune histoire.
Un club né de la fusion de trois villages
Avant de devenir le porte-étendard du foot amateur en cette Coupe de France 2024-25, le Saint-Philbert-Reorthe-JA est d’abord le fruit de l’union de trois villages vendéens : Saint-Philbert-du-Pont-Charrault, Réorthe et La Jaudonnière. C’est en 2020 que ces communes ont décidé de mettre en commun leurs forces vives du ballon rond, avec l’ambition de créer un club capable de briller à l’échelle du département.
Si les débuts furent logiquement modestes, avec une première saison en D4, le club a rapidement gravi les échelons pour atteindre la D3 en 2022. Une montée en puissance qui doit beaucoup à la qualité de son école de foot, véritable vivier de jeunes talents, mais aussi à l’abnégation d’un groupe senior qui n’a cessé de progresser sous la houlette de son entraîneur Mickaël Bossard.
Six victoires et un parcours de rêve
Mais c’est véritablement lors de cette édition 2024-25 de la Coupe de France que les Vendéens ont révélé l’étendue de leur potentiel. Tout a commencé dès le premier tour, avec une probante victoire 2-0 contre l’US Cugand Bernardiere, une autre formation de D3. Un premier succès qui a mis en confiance les protégés de Mickaël Bossard avant la réception de l’RS Ardelay (D1) au tour suivant.
Malgré la différence de niveau, les Étoilistes ont fait parler leur cœur et leur solidarité pour l’emporter 1-0 dans les dernières minutes. Le début d’un parcours de rêve qui s’est poursuivi avec des victoires contre l’AS Clermont Créans (R3), l’US Berthevin (R3), Mareuil SC (R1) et enfin Saint-André (R3) au 6e tour, match remporté aux tirs au but au terme d’une rencontre haletante. En six tours, le SPRJA a éliminé pas moins de quatre échelons supérieurs !
L’espoir d’un match de gala à domicile
Alors forcément, avant le tirage au sort du 7e tour effectué lundi, c’est tout un club qui rêvait secrètement d’une affiche de prestige à domicile. Affronter une formation de N3, N2 voire de National dans son antre de la Vallée Verte, voilà le souhait qu’ont formulé les 200 licenciés et les nombreux bénévoles du Saint-Philbert-Reorthe-JA.
Mais c’est finalement un autre sort qui attend le petit poucet vendéen. Le tirage leur a réservé un déplacement chez le SA Merignacais, leader de son groupe de R1. Un adversaire redoutable, qui reste sur six victoires consécutives en championnat et qui fait figure d’épouvantail à ce niveau de la compétition. De quoi doucher les espoirs des Étoilistes ? Pas si sûr…
Bien sûr, on aurait aimé recevoir pour faire la fête avec notre public. Mais ce tirage est finalement une bonne chose. Cela nous enlève de la pression et nous permet de jouer notre va-tout sans calcul. On n’a rien à perdre !
Mickaël Bossard, entraîneur de Saint-Philbert-Reorthe-JA
Déjà des retombées exceptionnelles
Quel que soit le résultat de ce 7e tour, le parcours en Coupe de France du SPRJA laissera une trace indélébile dans l’histoire du club. Déjà, sur le plan sportif, les joueurs auront gagné en expérience et en confiance au fil de leur épopée. Sur le plan financier aussi, les retombées sont substantielles pour une formation de ce niveau.
Entre les primes de qualification (7500 euros à ce stade de l’épreuve), la billetterie des matches à domicile et les ventes de maillots floqués du nom des héros du club, le petit poucet a déjà récolté un pécule d’environ 20 000 euros. Une manne providentielle qui va permettre de rénover les installations vétustes et de se structurer pour viser plus haut dans les années à venir.
Toute cette épopée va nous servir de tremplin. On va pouvoir investir dans du nouveau matériel, refaire notre terrain, recruter des éducateurs diplômés. Et pourquoi pas jouer la montée dès cette saison !
Éric Fortin, président du Saint-Philbert-Reorthe-JA
Luçon, antre des exploits
En attendant de connaître son destin en Coupe de France, c’est au stade Jean de Mouzon de Luçon que le SPRJA tentera donc de faire chuter le SA Merignacais, le 19 ou 20 novembre prochain. Le club vendéen a en effet choisi de délocaliser la rencontre dans cette enceinte mythique, plus adaptée pour accueillir ses supporters et offrir un écrin digne de ce 7e tour historique.
Le stade Jean de Mouzon, c’est un peu le Maracana du football amateur en Vendée. Une enceinte de 3000 places qui a vu éclore de nombreux talents, à l’image de l’international français Sylvain Ripoll, natif de la ville. C’est aussi sur cette pelouse que les Chamois Niortais, alors en National, avaient été poussés en prolongation par Luçon (CFA) en 32e de finale de la Coupe de France 2011-2012. Tout un symbole…
Alors même si l’affiche sera moins prestigieuse que dans les rêves les plus fous des dirigeants, nul doute que les joueurs de Saint-Philbert-Reorthe donneront tout pour marquer à leur tour l’histoire du football vendéen. Et peut-être entretenir le rêve d’un parcours digne de celui des Herbiers, ce club voisin qui avait atteint la finale de la Coupe de France en 2018 en partant lui aussi du plus bas niveau. Tous les espoirs sont permis, c’est bien là la magie de la Coupe de France !
