La province pakistanaise du Khyber Pakhtunkhwa, frontalière de l’Afghanistan, a été le théâtre jeudi d’un assassinat ciblé contre un responsable politique local. Sufi Hameed, membre du parti islamiste Jamaat-e-Islami, a été abattu par balles alors qu’il quittait une mosquée de son quartier. L’attaque, menée par deux hommes masqués circulant à moto, a été revendiquée vendredi par le groupe État islamique au Khorassan (EI-K), branche régionale de l’organisation terroriste.
Selon un communiqué publié par l’EI-K sur la messagerie Telegram, “les soldats du califat ont tué par balles un responsable du parti politique apostat Jamaat-e-Islami”. Cette action s’inscrit dans la ligne idéologique des jihadistes qui s’en prennent régulièrement aux partis politiques, même islamistes, car ils dénoncent leur participation aux élections et leur présence au Parlement. Une pratique pourtant courante pour les mouvements conservateurs comme le Jamaat-e-Islami au Pakistan.
Une région en proie à l’instabilité sécuritaire
D’après un haut responsable de la sécurité s’exprimant anonymement, l’EI-K serait particulièrement actif dans le district où s’est déroulé l’assassinat, davantage encore que les talibans pakistanais. Ces derniers, bien que formés au combat en Afghanistan et partageant l’idéologie des talibans de retour au pouvoir à Kaboul depuis 2021, ne seraient pas les principaux auteurs de cette attaque.
La menace sécuritaire plane en effet sur le Khyber Pakhtunkhwa ainsi que sur la province voisine du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays. Des groupes armés islamistes ou séparatistes y prennent régulièrement pour cible les forces de l’ordre et les représentants de l’État. Rien que cette année, l’EI-K aurait tué au moins 39 personnes dans la zone, majoritairement des membres de partis politiques, lors d’assassinats ciblés et d’attentats à la bombe.
Un précédent attentat meurtrier contre un meeting politique
La violence des groupes jihadistes contre la classe politique pakistanaise a déjà frappé les esprits par le passé. En 2023, un meeting politique avait été visé par une attaque de l’EI faisant au moins 54 morts, dont 23 enfants. Un lourd bilan rappelant le peu de discernement de ces mouvements extrémistes qui n’hésitent pas à s’en prendre aux civils.
Un terreau fertile pour les idéologies extrémistes
La porosité des frontières entre le Pakistan et l’Afghanistan, ainsi que l’instabilité chronique régnant dans ces zones tribales, en font un terreau fertile pour les groupes terroristes. Ces derniers profitent de la faiblesse de l’État central pour s’implanter localement et mener leurs actions meurtrières. Une situation qui contribue à entretenir un climat d’insécurité permanent pour les populations et les acteurs politiques.
Selon un haut gradé de la police locale, les assaillants ont réussi à prendre la fuite après avoir abattu Sufi Hameed. Une enquête a été ouverte pour tenter de les identifier et de les interpeller. En attendant, c’est tout un quartier qui est sous le choc après cet énième assassinat visant un élu.
Source proche de l’enquête
L’assassinat politique au Pakistan, un fléau récurrent qui souligne la nécessité pour le gouvernement de reprendre en main ces zones instables. Mais face à des groupes jihadistes déterminés et bien implantés, la tâche s’annonce ardue. Les partis et mouvements locaux paient un lourd tribut à l’extrémisme, un phénomène qui gangrène peu à peu la vie politique de ces régions frontalières. Une menace que les autorités peinent à juguler et qui risque de s’amplifier si aucune action d’envergure n’est entreprise.