Un sommet crucial s’ouvre ce vendredi à Lima, au Pérou. Les dirigeants des pays de la région Asie-Pacifique, représentant 60% du PIB mondial, se réunissent dans un contexte géopolitique tendu. Au cœur des discussions : les relations sino-américaines, mises à l’épreuve par les différends commerciaux, la question de Taïwan et la rivalité technologique entre les deux superpuissances.
Biden et Xi face à face, Trump en embuscade
Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping tiendront une rencontre bilatérale samedi en marge du sommet. Il s’agira de leur troisième entrevue en un peu plus d’un an, cruciale pour tenter de maintenir le dialogue malgré les tensions. Mais l’ombre de Donald Trump plane sur l’avenir des relations entre Washington et Pékin.
Le retour annoncé de l’ex-président populiste à la Maison Blanche en janvier prochain laisse craindre une nouvelle escalade. Pendant sa campagne, Trump a promis de taxer lourdement les importations chinoises. De quoi inquiéter les pays de la zone Asie-Pacifique, au premier rang desquels le Japon et la Corée du Sud, alliés clés des États-Unis dans la région.
Nous vivons une période difficile dans les relations entre la Chine et les États-Unis.
– Jorge Heine, ancien ambassadeur du Chili en Chine
Risque de nouvelle guerre commerciale
Sous son premier mandat de 2017 à 2021, Donald Trump avait déclenché une guerre commerciale contre la Chine, imposant des droits de douane sur des centaines de milliards de dollars de produits chinois. L’objectif : forcer Pékin à acheter plus de produits américains pour rééquilibrer une balance commerciale largement déficitaire. Une stratégie aux résultats mitigés qui pourrait être remise au goût du jour.
La Chine étend son influence en Amérique latine
En parallèle du sommet, Xi Jinping multiplie les gestes envers les pays latino-américains. Jeudi, il a inauguré avec la présidente péruvienne Dina Boluarte le mégaport de Chancay, au nord de Lima. Un investissement chinois de 3,5 milliards de dollars, symbole de l’influence grandissante de Pékin dans une région longtemps considérée comme le pré carré de Washington.
Les États-Unis s’inquiètent de cette percée chinoise. Leur envoyé spécial pour l’Amérique latine a appelé les pays de la région à s’assurer que les investissements chinois respectent “les lois locales” ainsi que “les droits de l’Homme et l’environnement”. Un message qui risque de rester lettre morte face aux moyens considérables déployés par le géant asiatique.
L’APEC, un forum économique fragilisé
Créé en 1989 pour promouvoir la croissance économique et les échanges dans le Pacifique, l’Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) apparaît aujourd’hui fragilisé. Outre les tensions sino-américaines et les velléités protectionnistes, plusieurs pays membres bouderont le sommet de Lima.
- Le Mexique sera absent car il ne reconnaît pas le gouvernement péruvien depuis le départ controversé du président de gauche Pedro Castillo en 2022.
- La Russie sera représentée a minima, Vladimir Poutine ayant d’autres priorités en pleine guerre en Ukraine.
Le Pérou entend malgré tout avancer sur les grands dossiers économiques : libéralisation du commerce et des investissements, transition numérique, croissance durable… Autant de sujets sur lesquels les 21 pays membres de l’APEC, malgré leurs différences, ont intérêt à coopérer pour peser face aux défis du 21e siècle.