Un vent de panique souffle sur Port-au-Prince. Des centaines de familles tentent désespérément d’échapper aux gangs qui sèment la terreur dans les rues de la capitale haïtienne. Depuis plusieurs mois, les affrontements violents entre bandes rivales plongent les quartiers dans le chaos. Mais la situation a atteint un point critique quand les gangs ont pris le contrôle d’une zone stratégique de la ville.
Les habitants des quartiers de Nazon, Delmas 30 ou Christ-Roi vivent dans la peur d’être les prochaines cibles. Nombre d’entre eux ont décidé de tout quitter, fuyant à pied, en camionnettes ou à moto, emportant le strict minimum. Vêtements, documents importants, quelques meubles… L’essentiel est de mettre sa vie à l’abri de la fureur des gangs.
Solino, un quartier tombé aux mains des gangs
Mercredi, le quartier de Solino est passé sous le contrôle de “Viv Ansanm” (Vivre ensemble), une puissante alliance de gangs formée en février qui est parvenue à déstabiliser le gouvernement. Après des mois d’attaques incessantes, ils ont fini par s’emparer de cette zone hautement stratégique qui connecte leurs autres fiefs au centre-ville via plusieurs axes routiers majeurs.
Des habitants jetés à la rue
Pour les résidents de Solino, c’est un véritable drame. « Je ne peux plus rester chez moi. Les bandits m’ont chassée. Je n’ai nulle part où aller », se lamente Marjorie, une habitante contrainte de vivre dans la rue. « Je suis épuisée, je ne supporte plus les sifflements des balles », ajoute-t-elle, le regard perdu.
Comme elle, des centaines de personnes ont dû se réfugier dans des centres pour déplacés aménagés à la hâte dans des institutions ou des écoles. Avenel y a trouvé refuge avec sa femme et ses trois enfants après avoir perdu son fils aîné et vu sa maison incendiée par les gangs. « Je m’étais réfugié à Solino dans une autre maison. Celle-ci vient également de partir en fumée », raconte-t-il, abattu.
Un nouveau gouvernement face au chaos
Dans ce contexte de violence extrême, Haïti traverse une grave crise politique. Cette semaine, le Premier ministre Garry Conille a été révoqué par le Conseil présidentiel de transition et remplacé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé. Ce dernier a promis de rétablir la sécurité et d’organiser les premières élections depuis 2016. Mais la tâche s’annonce titanesque.
La ville est coupée du reste du monde après que des avions aient essuyé des tirs, poussant le régulateur américain de l’aviation à interdire les vols commerciaux vers Haïti.
Port-au-Prince sombre dans le chaos. Ses habitants sont pris au piège, otages de gangs ultra-violents qui imposent leur loi par les armes. Le nouveau gouvernement parviendra-t-il à enrayer cette spirale infernale ? C’est tout un pays qui retient son souffle, dans l’attente d’un sursaut salvateur. Car chaque jour qui passe, ce sont des vies innocentes brisées et des familles jetées sur les routes de l’exil. Une tragédie qui ne peut plus durer.