C’est le cœur lourd mais déterminé que le paddock MotoGP a débarqué à Barcelone ce week-end. Déterminé à courir, certes, pour décrocher des titres de champion du monde âprement disputés. Mais surtout le cœur lourd en pensant à tous ceux qui, il y a à peine deux semaines, ont tout perdu dans les terribles inondations qui ont frappé la région de Valence. C’est d’ailleurs là-bas, sur le circuit Ricardo Tormo, que devait initialement se tenir la dernière manche de la saison.
Mais comment piloter en fermant les yeux sur la souffrance de milliers de sinistrés ? Impensable pour ces princes de la moto, eux qui sont habitués à prendre tous les risques sur la piste. Alors quand les eaux en furie ont tout emporté, y compris l’accès au circuit, les grandes gueules du MotoGP n’ont pas hésité une seconde à monter au créneau. À commencer par le double champion du monde en titre Francesco Bagnaia, en lice pour un troisième sacre consécutif :
Si la course a lieu à Valence, je n’y participerai pas. Par respect pour les victimes. Et tant pis pour le titre !
Francesco Bagnaia, pilote Ducati
Une prise de position courageuse rapidement suivie par ses pairs. De Marc Marquez à Fabio Quartararo, tous ont fait front commun pour réclamer l’annulation pure et simple de l’épreuve. Face à cette fronde, les organisateurs ont dû se rendre à l’évidence : la fête était ailleurs. Ailleurs, mais pas n’importe où…
De Valence à Barcelone, la solidarité en étendard
C’est finalement sur le circuit de Barcelona-Catalunya que les bolides vont rugir ce dimanche. Un choix dicté par des impératifs logistiques mais surtout une volonté clairement affichée : celle de transformer ce grand prix en un immense élan de générosité. Ainsi est né le “Grand Prix de la solidarité de Barcelone”, un nom qui en dit long sur les ambitions.
Car au-delà de l’aspect sportif, certes crucial avec un duel Bagnaia-Martin haletant pour le titre, c’est bien la dimension caritative qui primera ce week-end. La preuve, une partie des recettes des 50 000 places mises en vente sera reversée à la Croix Rouge espagnole. Une noble initiative pour secourir les milliers de sinistrés.
Mais les bonnes volontés ne s’arrêtent pas là. Loin de là ! Plusieurs pilotes ont décidé de mettre aux enchères des équipements personnels, à l’image de Maverick Vinales (Aprilia) qui va se séparer de sa KTM victorieuse en 2013. Des casques collectors, des combinaisons, des pièces mécaniques… C’est un véritable trésor qui sera dispersé en ligne au profit des victimes.
Quand la piste devient symbole
Rassurés par cet engagement sans faille des organisateurs et conscients de porter les espoirs de tout un peuple endeuillé, les pilotes sont désormais prêts à en découdre. Mais avec un supplément d’âme comme le confie, ému, Johann Zarco :
Quand j’ai vu ces images terribles, j’en ai eu des frissons. Alors savoir que nos dons vont aider directement les sinistrés, ça booste ma motivation. Je vais tout donner pour leur offrir un beau spectacle !
Johann Zarco, pilote Honda
Un sentiment largement partagé dans les paddocks où la ferveur des grands jours règne à nouveau. D’autant que la météo s’annonce clémente sur le circuit, contrairement aux alertes rouges qui avaient un temps fait craindre le pire mercredi dernier. Les sourires sont de retour, la piste est sèche… Tous les voyants sont au vert pour vibrer devant un grand prix pas comme les autres.
Car ce dimanche, sur le ruban d’asphalte catalan, il y aura bien plus que des points et des trophées en jeu. Il y aura de l’espoir, de la fraternité, de l’humanité… Toutes ces valeurs que porte haut et fort la grande famille du MotoGP quand l’essentiel est menacé. Une bien belle façon de conclure une saison haletante, en hommage aux victimes et en soutien aux sinistrés. Que le spectacle commence, pour la bonne cause !