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L’Église Argentine Met En Garde Contre Des Réformes Excluant Les Plus Pauvres

Le nouveau chef de l'Église catholique en Argentine tire la sonnette d'alarme sur les réformes économiques du gouvernement Milei qui laissent de nombreux Argentins sur le carreau. Mgr Colombo appelle à plus d'empathie envers les plus pauvres dans un contexte de forte augmentation de la pauvreté...

L’Église catholique argentine vient d’adresser un message fort au gouvernement du président Javier Milei concernant les réformes économiques menées depuis près d’un an. Mgr Marcelo Colombo, tout juste élu à la tête de l’institution religieuse, déplore que ces mesures d’austérité budgétaire drastiques excluent de nombreux Argentins, malgré un redressement des comptes du pays.

Une inquiétude grandissante face à la hausse de la pauvreté

Si Mgr Colombo reconnaît la volonté du gouvernement de remettre de l’ordre dans l’économie, il pointe du doigt les dégâts collatéraux de cette politique. Selon lui, les réformes doivent impérativement garder “les gens en dedans, pas en dehors”. Or, force est de constater qu’actuellement “il y a beaucoup de gens en dehors”.

L’Église exprime ainsi sa “grande inquiétude” face à l’augmentation du nombre de demandeurs dans les soupes populaires gérées par les organisations caritatives catholiques comme Caritas. “Ça devient difficile pour nous, dans les diocèses. Les nombres ont augmenté”, souligne Mgr Colombo.

Un appel au dialogue et à l’empathie envers les plus pauvres

Dans ce contexte, le message de l’archevêque de Mendoza au président Milei est clair. Il lance “une invitation à dialoguer avec tous, et générer ce courant d’empathie nécessaire et essentiel avec les plus pauvres”. Un appel qui résonne d’autant plus fort que la pauvreté a bondi à plus de 50% au premier semestre 2024, un niveau inédit depuis deux décennies.

Cette prise de position s’inscrit dans la lignée de celle de son prédécesseur, Mgr Oscar Ojea, qui n’avait pas hésité à s’élever contre Javier Milei lorsqu’il était candidat pour ses attaques contre le pape François. Puis à nouveau début 2024 pour dénoncer “une perte de sensibilité” du gouvernement, pointant notamment des retards dans la distribution d’aliments aux soupes populaires.

L’Église argentine, une institution qui compte malgré son déclin

Si le catholicisme est en perte de vitesse en Argentine, il reste largement majoritaire avec environ 63% de la population qui s’en revendique selon des études universitaires. L’Église conserve donc un poids non négligeable, y compris dans le débat public et politique.

En choisissant Mgr Colombo, 63 ans, pour prendre la tête de la Conférence épiscopale pour les 3 prochaines années, l’institution envoie un signal clair. Cet homme est vu comme s’inscrivant dans la même veine que le pape François, qui a lui-même occupé ce poste de 2005 à 2011 lorsqu’il était encore archevêque de Buenos Aires. Une Église à la fibre sociale marquée, proche des plus démunis et en prise avec les réalités du terrain.

Le gouvernement Milei face à un défi de taille

Pour le président Milei et son gouvernement ultra-libéral, la sortie de Mgr Colombo constitue un sérieux avertissement. Certes, les réformes engagées commencent à porter leurs fruits sur le plan économique, avec un redressement des comptes et un net ralentissement de l’inflation. Mais à quel prix pour la population ?

Clairement, il y a un engagement fort à la mise en ordre de l’économie, voir comment l’argent est dépensé, faire des priorités de dépenses. Mais l’important, c’est que tout ce qui est réforme économique se fasse toujours avec les gens en dedans, pas en dehors, en gardant les gens à l’esprit.

Mgr Marcelo Colombo, président de la Conférence épiscopale argentine

Le message est limpide. Les plus vulnérables ne doivent pas être les grands oubliés ou les variables d’ajustement de la politique économique du gouvernement. Mgr Colombo appelle ainsi l’exécutif à infléchir son action, à se montrer plus à l’écoute et plus empathique envers cette partie croissante de la population plongée dans la pauvreté.

Un défi de taille pour Javier Milei, qui va devoir trouver le bon équilibre entre la poursuite des réformes nécessaires pour redresser le pays et la prise en compte des conséquences sociales de cette politique. Faute de quoi, la grogne populaire, relayée par des institutions comme l’Église, pourrait sérieusement compliquer son action et menacer la paix sociale. L’heure est plus que jamais au dialogue et à la concertation pour construire une Argentine plus prospère, mais aussi plus juste et plus solidaire.

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