Alors que le football français traverse une période troublée, marquée par des difficultés financières et une baisse des droits TV, un club historique se retrouve dans la tourmente. Selon des sources proches du dossier, Le Havre AC, pensionnaire de Ligue 1, devra faire face à un déficit de plus de 10 millions d’euros lors de son passage devant la DNCG, le gendarme financier du football français, ce vendredi.
Un été compliqué pour le club doyen
Malgré un recrutement malin basé sur des joueurs libres et des prêts, Le Havre n’a pas réussi à engranger les ventes espérées durant le mercato estival. L’encadrement de la masse salariale imposé par la DNCG en juin dernier a certes permis de contenir les dépenses, mais les rentrées d’argent n’ont pas suivi.
Le départ de Mohamed Bayo, meilleur salaire du club la saison passée avec 100 000€ mensuels, et le retour d’André Ayew à un salaire revu à la baisse ont soulagé les finances, sans pour autant combler le déficit.
Un mercato en demi-teinte
Si le HAC a su attirer quelques renforts intéressants, à l’image du prometteur milieu de terrain Enzo Lecomte, prêté par Rennes, ou de l’expérimenté défenseur Loïc Négo, arrivé libre de Hongrie, les ventes tant attendues n’ont pas eu lieu. Les pistes menant aux jeunes talents Oualid El Hajjam et Yann Kitala n’ont finalement pas abouti, privant le club normand de précieuses liquidités.
On savait que ce serait un été compliqué, mais on espérait quand même réaliser une ou deux ventes significatives. Malheureusement, le marché a été assez atone et on n’a pas pu concrétiser les opportunités qui se présentaient.
Un dirigeant havrais
Le conflit avec la LFP pèse sur les finances
Au-delà des difficultés sur le marché des transferts, Le Havre paie aussi les conséquences de son conflit avec la Ligue de Football Professionnel (LFP) concernant la répartition des fonds de CVC, le nouveau diffuseur de la Ligue 1. Comme plusieurs autres “petits” clubs, le HAC estime ne pas percevoir une juste part de ces droits TV, pourtant cruciaux pour l’équilibre financier des écuries de l’élite.
Cette situation tendue avec les instances, conjuguée à la baisse globale des droits TV en France depuis le fiasco Mediapro, fragilise un peu plus les comptes du club centenaire. Un proche de la direction havraise confirme :
Entre le manque à gagner sur les droits TV et l’absence de ventes cet été, on se retrouve avec un déficit important. On va devoir présenter un plan d’apurement à la DNCG et sans doute réinjecter des fonds propres pour passer ce cap délicat.
Un intime du club normand
Un effectif et un staff soudés malgré les difficultés
Si la situation financière du Havre AC est préoccupante, elle ne semble pas pour autant altérer la détermination du groupe professionnel. Actuellement 14ème de Ligue 1, le promu normand entend bien se battre jusqu’au bout pour assurer son maintien, comme le souligne l’entraîneur Paul Le Guen :
On connaît la situation du club, ce n’est un secret pour personne. Mais avec mon staff et mes joueurs, on reste concentrés sur nos objectifs sportifs. On va tout donner sur le terrain pour sauver le HAC, c’est notre unique priorité.
Paul Le Guen, entraîneur du HAC
Malgré un début de saison poussif, l’entraîneur havrais peut compter sur le soutien indéfectible de ses troupes. Le capitaine Alexandre Bonnet l’assure :
Dans le vestiaire, on ne parle pas d’argent, on parle de foot et de survie. On sait d’où on vient, le club a fait des efforts pour nous recruter, à nous de les rendre sur le terrain. On va se battre pour nos supporters et pour cette ville qui mérite de rester en Ligue 1.
Alexandre Bonnet, capitaine du HAC
L’appel aux investisseurs locaux
Pour surmonter cette passe difficile, les dirigeants havrais en appellent à la mobilisation des acteurs économiques locaux. Plusieurs entreprises basées en Normandie seraient ainsi prêtes à injecter des fonds pour permettre au HAC de boucler la saison.
Le Havre AC fait partie du patrimoine de notre région. Cette ville et ce club ont une histoire commune, il est impensable de les laisser tomber. Si on peut aider, on le fera, comme on l’a toujours fait.
Un chef d’entreprise normand
Reste à savoir si ces bonnes volontés suffiront à convaincre la DNCG. Une chose est sûre, tout un club et toute une ville retiennent leur souffle avant le grand oral de vendredi. Pour Le Havre, 150 ans d’histoire ne tiennent plus qu’à un fil. Celui des comptes dans le rouge, qu’il faudra réussir à rééquilibrer pour éviter le pire. Un défi immense, à la hauteur de la ferveur et de la passion que suscite ce monument du football français.