Alors que les Philippines tentent encore de panser les plaies laissées par le passage dévastateur de quatre typhons en moins d’un mois, un cinquième, nommé Usagi, vient de s’abattre violemment sur le nord de l’archipel ce jeudi. Face à cette nouvelle menace, les autorités se sont empressées d’évacuer des milliers d’habitants des zones littorales.
Usagi frappe fort malgré une intensité revue à la baisse
C’est à 13h30 heure locale qu’Usagi a touché terre dans la ville de Baggao, située dans la province de Cagayan au nord de l’île de Luçon. Si les vents soufflaient à 175 km/h au moment de l’impact, le service météorologique national a revu son niveau d’alerte à la baisse, le faisant passer du niveau maximal de 5 à 2 sur son échelle.
Malgré cela, les prévisionnistes mettent en garde contre des vents pouvant causer « des dommages presque totaux aux structures en matériaux légers, en particulier dans les zones côtières très exposées » ainsi que « des dommages importants » aux bâtiments jugés peu résistants. Des « pluies intenses à torrentielles » et des vagues pouvant atteindre trois mètres sont aussi attendues, menaçant des vies.
Le président appelle à suivre les consignes d’évacuation
Soucieux d’éviter de nouveaux drames, le président Ferdinand Marcos s’est rendu dans les zones menacées pour distribuer une aide financière aux familles et les exhorter à suivre les ordres d’évacuation. « Nous savons qu’il est difficile de quitter sa maison et ses biens, mais s’abriter peut sauver des vies » a-t-il martelé, selon une transcription officielle.
Il a aussi souligné l’importance d’améliorer les infrastructures pour mieux résister aux tempêtes, dont il attribue l’intensité croissante au changement climatique : « Si nous ne pouvons pas empêcher les typhons de frapper le pays, nous pouvons prendre des mesures pour en réduire l’impact. »
Course contre la montre pour évacuer les habitants
Dans la province de Cagayan, les autorités locales ont redoublé d’efforts jeudi pour mettre à l’abri les résidents des côtes et des berges déjà en crue, passant d’évacuations préventives à des évacuations forcées à l’approche d’Usagi. Au total, ce sont quelque 40 000 personnes qui devraient être déplacées, soit autant que lors du précédent typhon Yinxing en début de mois.
Un défi de taille, alors que plus de 5000 sinistrés des tempêtes précédentes se trouvent toujours dans des refuges. « Les typhons se chevauchent. Dès que les populations tentent de se remettre du choc, la prochaine tempête tropicale les frappe à nouveau » déplore Gustavo Gonzalez, coordinateur de l’ONU aux Philippines.
Un lourd bilan des précédentes tempêtes
Selon une évaluation onusienne, les quatre typhons qui ont balayé l’archipel depuis mi-octobre (Trami, Kong-rey, Yinxing et Toraji) ont endommagé ou détruit 207 000 maisons, laissant près de 700 000 personnes sans abri. Les terres agricoles ravagées et les inondations persistantes font craindre des pénuries alimentaires.
Ces catastrophes en série ont déjà fait 159 morts et poussé l’ONU à lancer un appel à l’aide de 32,9 millions de dollars pour secourir 210 000 des rescapés les plus affectés. Et la menace n’est pas terminée, puisqu’une nouvelle tempête tropicale, Man-yi, pourrait frapper la région de la capitale Manille ce week-end.
L’impact grandissant du changement climatique
Si les Philippines sont habituées à subir une vingtaine de grosses tempêtes et typhons chaque année, des études récentes montrent que le changement climatique aggrave le phénomène. Dans la région Asie-Pacifique, les tempêtes se formeraient de plus en plus près des côtes, s’intensifieraient plus rapidement et dureraient plus longtemps au-dessus des terres.
Face à ce constat alarmant, le président Marcos a appelé à renforcer les efforts d’adaptation et de résilience. Un défi de taille pour ce pays en développement, déjà meurtri par des catastrophes à répétition. La communauté internationale sera-t-elle au rendez-vous pour aider les Philippines à affronter ce « nouvel anormal » climatique ?