Tokyo vient d’être le théâtre d’un nouvel incident impliquant un touriste étranger irrespectueux. Selon des sources policières, un sexagénaire américain a été interpellé mercredi, soupçonné d’avoir endommagé l’un des portails en bois traditionnels, appelés torii, à l’entrée du célèbre sanctuaire shinto Meiji Jingu.
L’homme aurait utilisé ses ongles pour gratter l’un des piliers du torii, laissant des marques visibles sur ce monument emblématique qui accueille chaque année des millions de visiteurs. Placé en garde à vue pour “suspicion de dommages matériels”, le touriste risque des poursuites et une possible interdiction de séjour sur le territoire nippon.
Le Japon face aux incivilités croissantes des touristes
Cet incident n’est malheureusement pas isolé. Avec l’assouplissement des restrictions de voyage post-pandémie et un yen au plus bas, le Japon connaît un afflux record de touristes étrangers. Mais cette popularité s’accompagne aussi d’une recrudescence des comportements irrespectueux et des incivilités.
En octobre dernier, une influenceuse chilienne s’était attirée les foudres des internautes après avoir publié une vidéo d’elle en train de faire des tractions sur un torii dans un autre sanctuaire. Malgré ses excuses publiques, affirmant que “ce n’était pas (son) intention de manquer de respect” au lieu sacré, l’incident avait suscité une vive polémique.
Kyoto : les geishas victimes de harcèlement
La ville de Kyoto, ancienne capitale impériale et haut lieu de la culture traditionnelle japonaise, fait face à une situation préoccupante. Les célèbres geishas, symboles de l’art et de la beauté nippone, subissent de plus en plus fréquemment le harcèlement de touristes irrespectueux, qui n’hésitent pas à les suivre, les photographier sans autorisation, voire tenter de les toucher.
“C’est devenu invivable. On ne peut plus circuler tranquillement dans les rues sans être importunées. Certaines apprenties ont même peur de sortir”, confie sous couvert d’anonymat une geisha de Gion, le quartier historique des geishas à Kyoto.
Des mesures pour réguler l’afflux touristique
Face à ces débordements, les autorités locales multiplient les initiatives pour tenter d’encadrer les flux de visiteurs et préserver les sites les plus prisés. Au pied du mont Fuji, joyau naturel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, une grande barrière avait été temporairement installée pour dissuader les touristes de s’aventurer sur la route pour prendre des photos derrière une célèbre supérette.
L’accès au sommet de la montagne sacrée est désormais payant sur le sentier le plus fréquenté, avec un droit d’entrée d’environ 12 euros pour les randonneurs. Des contrôles de foule supplémentaires sont aussi mis en place pour réguler le nombre de personnes sur les chemins.
60 millions de touristes visés d’ici 2030
Malgré ces défis, le gouvernement japonais ne compte pas freiner ses ambitions touristiques. Tokyo s’est fixé l’objectif d’attirer 60 millions de visiteurs étrangers par an d’ici 2030, soit près du double du record enregistré en 2019 avant la crise sanitaire.
Pour y parvenir, les autorités misent sur une série de mesures incitatives, comme l’assouplissement des procédures de visas, des aides financières pour les compagnies aériennes et les tours opérateurs, ou encore le développement des infrastructures d’accueil dans les zones plus reculées de l’archipel.
Mais cet arsenal ne sera efficace que s’il s’accompagne d’un effort massif de sensibilisation des visiteurs aux règles, us et coutumes locales. Le défi est de taille pour préserver les trésors culturels et naturels du Japon, tout en maintenant son attractivité touristique dans un contexte de compétition internationale exacerbée. L’avenir nous dira si le pays du Soleil-Levant saura trouver le juste équilibre.