Dans les favelas et les quartiers défavorisés du Brésil, la faim reste une réalité quotidienne pour des millions de familles. Malgré le retour au pouvoir en janvier 2023 du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, célèbre pour ses ambitieux programmes sociaux lors de ses premiers mandats, près de 40 millions de Brésiliens souffrent encore d’insécurité alimentaire selon l’ONU. Un chiffre en baisse mais qui témoigne de l’ampleur du défi à relever dans ce pays de 212 millions d’habitants, plus grande économie d’Amérique latine.
Des familles qui peinent à se nourrir malgré les aides
Neide Fernandes, ancienne caissière de 60 ans, vit avec son mari au chômage et ses deux petits-enfants adolescents dans un minuscule deux-pièces aménagé dans un hôtel désaffecté du centre de Rio de Janeiro. Dans son réfrigérateur, pas de viande ni de légumes mais une vingtaine d’œufs, «la moins chère» des protéines animales. «Nous n’avons pas les moyens de faire trois vrais repas par jour», confie-t-elle.
Sa famille bénéficie pourtant de la Bolsa Familia (Bourse Famille), programme phare de Lula qui verse une allocation aux familles les plus pauvres à condition que leurs enfants soient scolarisés. Mais avec environ 100 euros par mois, «on ne ramène presque rien du supermarché» déplore Mme Fernandes, qui espérait davantage d’améliorations depuis le retour de Lula.
Lula, un président populaire chez les plus démunis
L’ancien métallo né dans la pauvreté garde cependant la cote auprès de nombreux Brésiliens modestes, à l’image d’Aila Martins, 36 ans et enceinte de son 4ème enfant. «On connaît son histoire, lui aussi a connu la faim, et il fait vraiment la différence» estime cette mère de famille qui fait la queue pour recevoir un panier-repas distribué par une ONG de Rio.
Des progrès notables mais fragiles contre l’insécurité alimentaire
Selon le dernier rapport de l’ONU sur l’insécurité alimentaire dans le monde, le nombre de Brésiliens confrontés à la faim, à des degrés divers, a chuté de 70,3 millions en 2020-2022 à 39,7 millions en 2021-2023, soit 18,4% de la population. Le gouvernement affirme même qu’en 2023, seuls 2,5 millions de personnes (1,2%) souffriraient encore de faim sévère, contre 17,2 millions (8%) en 2022.
Nous observons une baisse accentuée, mais cela ne veut pas dire que le problème de la faim au Brésil est résolu, bien au contraire.
Rodrigo Afonso, directeur de l’ONG Açao da Cidadania
Une « Alliance globale contre la faim » pour mobiliser la communauté internationale
Fort de ces progrès, même s’ils restent fragiles, Lula compte lancer une « Alliance globale contre la faim et la pauvreté » lors du prochain sommet du G20 à Rio. Très ému en présentant cette initiative en juillet dernier, il avait appelé à agir contre «la plus dégradante des privations humaines». L’objectif est de rassembler pays, institutions internationales et acteurs locaux pour dégager des financements et répliquer les programmes les plus efficaces.
Des programmes ambitieux mais coûteux
Parmi les modèles mis en avant, outre la Bolsa Familia, figure le programme permettant aux enfants brésiliens scolarisés dans le public de bénéficier d’au moins un repas gratuit par jour. Son budget a été augmenté de 39% en mars 2023. Mais ces dispositifs ont un coût élevé, plus difficile à absorber que lors du boom des matières premières qui avait porté les premiers mandats de Lula.
Le défi du Brésil n’est pas de montrer des résultats, qui sont apparus rapidement, mais de s’inscrire dans la continuité.
Marcelo Neri, directeur de FGV Social
Malgré une récente baisse de la faim, celle-ci persiste donc au Brésil et touche encore des millions de familles vulnérables. Si la volonté politique affichée par Lula suscite l’espoir, la pérennisation et l’extension de ses programmes sociaux se heurtent à la réalité budgétaire d’un pays qui peine à renouer avec une croissance forte. Pour transformer l’essai de ses premiers succès, le nouveau président brésilien devra trouver les moyens de ses ambitions sur la durée.
L’ancien métallo né dans la pauvreté garde cependant la cote auprès de nombreux Brésiliens modestes, à l’image d’Aila Martins, 36 ans et enceinte de son 4ème enfant. «On connaît son histoire, lui aussi a connu la faim, et il fait vraiment la différence» estime cette mère de famille qui fait la queue pour recevoir un panier-repas distribué par une ONG de Rio.
Des progrès notables mais fragiles contre l’insécurité alimentaire
Selon le dernier rapport de l’ONU sur l’insécurité alimentaire dans le monde, le nombre de Brésiliens confrontés à la faim, à des degrés divers, a chuté de 70,3 millions en 2020-2022 à 39,7 millions en 2021-2023, soit 18,4% de la population. Le gouvernement affirme même qu’en 2023, seuls 2,5 millions de personnes (1,2%) souffriraient encore de faim sévère, contre 17,2 millions (8%) en 2022.
Nous observons une baisse accentuée, mais cela ne veut pas dire que le problème de la faim au Brésil est résolu, bien au contraire.
Rodrigo Afonso, directeur de l’ONG Açao da Cidadania
Une « Alliance globale contre la faim » pour mobiliser la communauté internationale
Fort de ces progrès, même s’ils restent fragiles, Lula compte lancer une « Alliance globale contre la faim et la pauvreté » lors du prochain sommet du G20 à Rio. Très ému en présentant cette initiative en juillet dernier, il avait appelé à agir contre «la plus dégradante des privations humaines». L’objectif est de rassembler pays, institutions internationales et acteurs locaux pour dégager des financements et répliquer les programmes les plus efficaces.
Des programmes ambitieux mais coûteux
Parmi les modèles mis en avant, outre la Bolsa Familia, figure le programme permettant aux enfants brésiliens scolarisés dans le public de bénéficier d’au moins un repas gratuit par jour. Son budget a été augmenté de 39% en mars 2023. Mais ces dispositifs ont un coût élevé, plus difficile à absorber que lors du boom des matières premières qui avait porté les premiers mandats de Lula.
Le défi du Brésil n’est pas de montrer des résultats, qui sont apparus rapidement, mais de s’inscrire dans la continuité.
Marcelo Neri, directeur de FGV Social
Malgré une récente baisse de la faim, celle-ci persiste donc au Brésil et touche encore des millions de familles vulnérables. Si la volonté politique affichée par Lula suscite l’espoir, la pérennisation et l’extension de ses programmes sociaux se heurtent à la réalité budgétaire d’un pays qui peine à renouer avec une croissance forte. Pour transformer l’essai de ses premiers succès, le nouveau président brésilien devra trouver les moyens de ses ambitions sur la durée.