C’est une affaire qui secoue le monde du rugby français depuis plus de 7 ans. En mars 2017, une jeune étudiante porte plainte pour viol contre plusieurs joueurs de l’équipe de rugby de Grenoble. Parmi les accusés, des figures majeures du club comme l’Irlandais Denis Coulson, le Néo-Zélandais Rory Grice ou le Français Loïck Jammes. Tous sont soupçonnés d’avoir participé à un viol en réunion lors d’une soirée arrosée.
Un procès très attendu, reporté en juin
Initialement prévu en juin dernier, le procès avait dû être ajourné en raison d’un grave accident de voiture dont a été victime Denis Coulson, l’un des principaux mis en cause. L’ancien pilier du FC Grenoble, qui a depuis pris sa retraite sportive, se rendait à l’aéroport pour rejoindre son avocate à Paris quand il a perdu le contrôle de son véhicule. Gravement blessé à une cheville, il a dû être opéré en urgence.
Cet imprévu de dernière minute avait obligé la cour d’assises de Gironde à reporter les audiences. Un coup dur pour la partie civile, qui attend ce procès depuis des années. Mais aussi pour les autres accusés, Loïck Jammes et Rory Grice, qui espéraient en finir avec cette sombre affaire.
Denis Coulson rétabli et présent le 2 décembre
Bonne nouvelle cependant, Denis Coulson va mieux. Selon son avocate Me Corinne Dreyfus-Schmidt, le trentenaire, qui travaille désormais dans le bâtiment, sera bien présent dans le box des accusés le 2 décembre prochain, date de reprise du procès. Et ce malgré des « difficultés à se déplacer » liées à sa blessure.
Il ne sera pas le seul à faire face à la justice. Loïck Jammes et Rory Grice, comme lui poursuivis pour « viol en réunion », devront eux aussi s’expliquer sur les faits qui leur sont reprochés. Des faits qui remontent à cette fameuse nuit du 11 au 12 mars 2017, quand la vie d’une jeune femme a basculé.
Deux autres ex-joueurs jugés pour non-assistance
Deux autres anciens rugbymen de Grenoble seront également jugés lors de ce procès fleuve, qui doit durer jusqu’au 13 décembre. Christopher Farrell et Dylan Hayes sont eux accusés de ne pas avoir empêché un crime contre l’intégrité corporelle. En clair, de ne pas être intervenus pour stopper le viol présumé alors qu’ils en avaient connaissance.
Pour les cinq hommes, les conséquences judiciaires pourraient être lourdes en cas de condamnation. Jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle pour les viols, 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende pour la non-assistance à personne en danger. Des peines qui sanctionneraient des actes d’une extrême gravité.
Une affaire symbole dans le rugby
Au-delà des individus, c’est tout un système qui sera jugé lors de ce procès. Celui d’une omerta qui gangrène le rugby, où les affaires de mœurs impliquant des joueurs sont souvent minimisées voire étouffées par les clubs. Une « culture du silence » dénoncée par de nombreuses voix ces dernières années.
Pour beaucoup, le procès des ex-Grenoblois est l’occasion de briser ce silence et de faire évoluer les mentalités. De rappeler que le consentement n’est pas une option et que les rugbymen, aussi populaires soient-ils, ne sont pas au-dessus des lois. Un message fort dans un sport où le machisme reste très présent.
On ne peut plus accepter ce genre de comportements. Les rugbymen ne sont pas intouchables, ils doivent répondre de leurs actes comme n’importe quel citoyen.
– Une source proche du dossier
Reste à savoir ce qu’il adviendra au terme de ce procès au long cours. Les accusés seront-ils reconnus coupables ? Si oui, quelles peines seront prononcées ? Une chose est sûre : dans cette affaire sordide, il n’y aura que des perdants. À commencer par cette jeune femme dont la vie a été brisée un soir de mars 2017 et qui attendra peut-être en vain que justice lui soit rendue.
