Après trois longues années d’interruption, la France a finalement décidé de reprendre son aide budgétaire à la République centrafricaine. Ce geste fort, matérialisé par un généreux don de 10 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD), marque un tournant dans les relations bilatérales entre les deux pays.
Selon l’ambassadeur de France Bruno Foucher, cette aide financière est un “signe du réengagement progressif et de la normalisation des relations” entre Paris et Bangui. Les fonds, versés en une seule fois sur le compte du Trésor centrafricain, seront alloués à des domaines clés tels que la gouvernance économique et financière, la résorption des arriérés intérieurs et l’organisation des prochaines élections locales.
Un Don Sans Conditions Pour Soutenir La Souveraineté Centrafricaine
Fait notable, cette aide budgétaire est octroyée “sans conditionnalité ni aucune réserve”, selon les propos de l’ambassadeur Foucher. Une approche qui tranche avec les pratiques passées et témoigne d’une volonté de respecter pleinement la souveraineté et la gouvernance démocratique de l’État centrafricain.
La répartition des fonds a d’ailleurs été décidée par le ministère centrafricain des Finances lui-même :
- 5 millions d’euros pour l’appui à la gouvernance économique et financière
- 3 millions d’euros pour la résorption des arriérés intérieurs
- 2 millions d’euros pour l’organisation des élections locales de juillet 2025
Le Soutien Aux élections, Gage De Démocratie
L’enveloppe dédiée à l’organisation des scrutins locaux viendra abonder le pot commun géré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), déjà soutenu par l’Union européenne. Un signal fort en faveur de la démocratie et de la bonne gouvernance en Centrafrique.
Réchauffement Des Relations Malgré Les Tensions Passées
Ce réengagement français intervient après une période de fortes tensions entre les deux pays. En 2021, Paris avait gelé son aide budgétaire et suspendu sa coopération militaire avec Bangui, accusant le régime centrafricain d’être “complice” d’une campagne anti-française orchestrée par la Russie.
L’arrivée du groupe paramilitaire russe Wagner en Centrafrique en 2017 et les attaques répétées contre les intérêts français avaient fortement dégradé les relations bilatérales. Mais la rencontre entre les présidents Emmanuel Macron et Faustin-Archange Touadéra en avril dernier à Paris semble avoir permis d’apaiser les tensions et de tracer une “feuille de route” vers un “partenariat constructif”.
L’Influence Française Contestée En Afrique Francophone
La Centrafrique n’est pas le seul pays d’Afrique francophone où l’influence de l’ancienne puissance coloniale a été remise en cause ces dernières années, au profit notamment de la Russie. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont également pris leurs distances avec Paris, tandis que Moscou y gagnait en influence.
Dans ce contexte géopolitique tendu, le rétablissement de l’aide française à la Centrafrique apparaît comme une tentative de regagner du terrain et de préserver les liens historiques entre les deux pays. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits et permettra à la France de maintenir son rayonnement dans la région.
Vers Un Nouveau Partenariat Franco-centrafricain ?
Au-delà de l’aspect financier, le geste de la France envers la Centrafrique se veut porteur d’espoir pour l’avenir des relations entre les deux pays. Comme l’a souligné l’ambassadeur Foucher, il s’agit d’un “signe du réengagement progressif et de la normalisation des relations bilatérales”.
Il faudra cependant plus que des déclarations d’intention pour reconstruire un partenariat solide et durable entre Paris et Bangui. La confiance, ébranlée par les crises et les malentendus passés, devra être patiemment rétablie. La transparence, le respect mutuel et la prise en compte des aspirations profondes du peuple centrafricain seront sans doute les clés d’un nouveau départ.
En définitive, la reprise de l’aide française à la Centrafrique constitue un signal positif, mais il ne s’agit que d’une première étape sur le long chemin de la réconciliation et de la coopération entre les deux nations. L’avenir nous dira si cette main tendue sera saisie et si elle marquera l’aube d’une nouvelle ère dans les relations franco-centrafricaines.