Les élections générales du 9 octobre 2022 au Mozambique ont laissé place à une vague de contestations et de violences dans le pays. Mercredi, pour la première de trois journées de manifestations prévues, la situation a dégénéré dans plusieurs villes, les forces de l’ordre n’hésitant pas à ouvrir le feu sur les protestataires.
La police tire à balles réelles sur les manifestants
Selon des témoins et la presse locale, la police a dispersé par les armes un rassemblement à Nampula, dans le nord du Mozambique. Le journal Ikweli affirme que deux personnes ont été tuées et deux autres blessées par balles. Un militant de la société civile présent sur place a raconté que vers 8h du matin, des jeunes se sont rassemblés dans le quartier de Namicopo pour marcher vers le centre-ville. Mais les forces de l’ordre ont rapidement bouclé le secteur et ouvert le feu sur la foule.
L’opposition dénonce des fraudes massives et revendique la victoire
Ces manifestations font suite à l’appel du principal opposant Venancio Mondlane, arrivé officiellement second lors du scrutin du 9 octobre. Dénonçant des fraudes massives en faveur du parti au pouvoir depuis 1975, le Frelimo, il revendique en réalité la victoire et conteste les résultats. Pour lui et ses partisans, l’ampleur de la fraude ne fait aucun doute.
D’après une ONG locale, les élections générales du 9 octobre au Mozambique sont “les plus frauduleuses depuis 1999”.
Le Conseil constitutionnel doit encore confirmer les résultats définitifs, ce qui ouvrira la voie à l’investiture en janvier du dauphin du président sortant, Daniel Chapo. Mais l’opposition compte bien inverser la tendance d’ici là en maintenant la pression dans la rue.
La frontière avec l’Afrique du Sud bloquée par des manifestants
Les partisans de l’opposition sont également descendus manifester à la frontière de Ressano Garcia, point de passage stratégique vers l’Afrique du Sud. Des dizaines de camions ont été bloqués alors qu’ils transitaient vers les ports mozambicains. Les autorités sud-africaines ont dû suspendre le trafic au poste-frontière de Lebombo en raison de l’intensité du mouvement.
“Nous fermons la frontière, nous faisons tout ce que nous pouvons pour attirer l’attention et que tout le monde puisse voir ce qu’il se passe”, explique une manifestante.
Ce point de passage, régulièrement fermé la semaine dernière, est crucial pour les exportateurs sud-africains qui font transiter leurs marchandises par les ports en eau profonde de Matola et Maputo. Son blocage affecte donc directement l’économie du géant régional.
La spirale de violences post-électorales se poursuit
Depuis l’annonce des résultats le 19 octobre, le Mozambique sombre dans un cycle de violences post-électorales. Selon l’ONG Human Rights Watch, au moins 30 personnes auraient perdu la vie, notamment lors de l’assassinat de deux figures de l’opposition. Et ce bilan provisoire ne tient pas compte des victimes de la marche de jeudi dernier à Maputo, la capitale.
Malgré les appels au calme, le pays semble s’enfoncer chaque jour davantage dans la crise. Entre accusations de fraudes, répressions sanglantes des manifestations et blocages des points névralgiques, la tension est à son comble. Les prochains jours s’annoncent décisifs et potentiellement funestes si aucune désescalade n’est engagée rapidement entre pouvoir et opposition.