Le paysage politique américain est en pleine mutation. Mercredi dernier, une page s’est tournée avec l’élection de John Thune comme nouveau chef des républicains au Sénat. Après 17 années de règne, Mitch McConnell cède ainsi sa place à la tête du parti, ouvrant une nouvelle ère pour les conservateurs.
Un duel entre ligne traditionnelle et galaxie Trump
Cet affrontement pour la présidence des sénateurs républicains n’était pas anodin. Il opposait en effet deux visions : celle de John Thune, partisan d’une ligne républicaine plutôt classique, et celle de Rick Scott, le candidat soutenu par la galaxie Trump. C’est finalement le sénateur du Dakota du Sud qui l’a emporté, au terme d’un scrutin à bulletins secrets.
Mais ne nous y trompons pas. Si Thune s’est dit « extrêmement honoré », il a aussi tenu à rassurer sur son engagement envers la ligne trumpiste, déclarant que « cette équipe républicaine est unie derrière le programme du président Trump ». Un signe que l’ex-locataire de la Maison Blanche continue de peser sur le parti, exigeant une loyauté sans faille.
Quel avenir pour l’aide à l’Ukraine ?
Parmi les dossiers brûlants que John Thune aura à gérer, celui de l’aide à l’Ukraine sera scruté avec attention. Jusqu’ici, les républicains avaient soutenu, non sans réticences, les enveloppes massives débloquées pour Kiev. Mitch McConnell était d’ailleurs l’un de leurs plus ardents défenseurs, malgré la fronde trumpiste de plus en plus isolationniste.
Si Thune a lui aussi approuvé ces aides par le passé, il n’a pas encore dévoilé sa position pour l’avenir. Avec le retour annoncé de Donald Trump, la question du soutien américain à l’Ukraine pourrait devenir un sujet de tensions au sein du parti.
La fin de l’ère McConnell
Cette passation de pouvoir marque aussi la fin d’une époque, celle de la domination de Mitch McConnell sur le parti républicain au Sénat. Surnommé le « fossoyeur », ce fin stratège politique était connu pour son intransigeance face aux démocrates.
Sous sa houlette, les républicains ont notamment réussi à faire basculer la Cour suprême dans le camp conservateur. Une victoire majeure qui a permis l’abolition du droit constitutionnel à l’avortement en 2022, 50 ans après son instauration.
Mais ces derniers mois, l’état de santé du sénateur octogénaire avait suscité des inquiétudes. Hospitalisé après une chute en mars, McConnell était resté près de six semaines en convalescence. Un épisode qui avait ravivé le débat sur le vieillissement de la classe politique américaine.
Les défis de John Thune
Pour John Thune, les défis s’annoncent nombreux. Fort de la nouvelle majorité républicaine acquise aux législatives de novembre, il devra imposer sa marque à la tête du groupe, tout en composant avec les exigences de Donald Trump.
La gestion des nombreux dossiers, de l’Ukraine à l’économie en passant par les sujets de société, nécessitera des trésors de diplomatie et d’habileté politique. Un exercice d’équilibriste auquel Mitch McConnell avait dû se livrer durant le mandat de Trump, non sans tensions.
Mais Thune pourra compter sur sa solide expérience au Sénat, où il siège depuis 2005, pour asseoir son leadership. Reste à savoir s’il parviendra à imprimer sa marque et à maintenir l’unité d’un parti républicain plus que jamais polarisé. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour dessiner les contours de cette nouvelle ère républicaine au Congrès.