Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky ne cesse d’étonner par ses acquisitions audacieuses. Après avoir investi dans les médias français, l’énergie, la grande distribution avec Fnac Darty et Casino, le voilà qui s’offre un nouveau fleuron : la Poste britannique Royal Mail ! Une opération à 3,6 milliards d’euros qui suscite autant d’intérêt que d’interrogations. Retour sur ce coup de poker du “sphinx tchèque” comme le surnomment certains.
Royal Mail, une institution en difficulté
Fondé il y a 508 ans, le groupe postal britannique a été privatisé en 2013. Mais il traverse une mauvaise passe, entre la baisse du courrier, des défaillances dans la distribution, des grèves à répétition et la concurrence accrue dans le colis. Son action a fortement chuté, et le besoin de modernisation est criant. C’est là qu’intervient Daniel Kretinsky, via sa société EP Global Commerce, déjà actionnaire à hauteur de 28%.
L’offre de rachat portée à 3,6 milliards
Après une première offre à 3 milliards d’euros rejetée en avril, le businessman tchèque a relevé la mise, proposant de racheter Royal Mail sur la base de 3,6 milliards d’euros. Une offre assortie d’engagements sur l’emploi et le maintien de la marque. Après quelques hésitations, le conseil d’administration a fini par accepter, ouvrant la voie à une prise de contrôle totale.
Un pari audacieux mais risqué
Si l’opération se confirme, Daniel Kretinsky aura réussi un joli coup, en s’offrant pour un prix raisonnable la célèbre institution britannique et son importante infrastructure logistique. Mais l’acquisition n’est pas sans risque :
- Royal Mail est en perte de vitesse et devra être profondément restructuré, ce qui promet des négociations sociales tendues.
- Le marché britannique du colis est ultra-concurrentiel avec des acteurs comme Amazon.
- Des doutes persistent sur la stratégie de l’homme d’affaires, surtout connu pour avoir bâti sa fortune sur des paris énergétiques et médiatiques.
Royal Mail fait partie du tissu social britannique depuis des centaines d’années. EP group a le plus grand respect pour l’histoire et la tradition de Royal Mail, et je sais que posséder cette entreprise entraînera d’énormes responsabilités.
Daniel Kretinsky, patron d’EP Global Commerce
Un empire qui ne cesse de grandir
Avec ce rachat, Daniel Kretinsky confirme son statut de bâtisseur d’empire. Cet ancien avocat devenu trader et homme d’affaires pèse désormais 8,6 milliards d’euros selon Forbes, grâce à des investissements tous azimuts dans l’énergie (EPH), la distribution (Metro, Casino…), les médias (CMI, Marianne, Elle…).
La France est devenue l’un de ses terrains de chasse favoris, avec des participations dans TF1, Le Monde ou encore la logistique d’Auchan. Le Royaume-Uni aussi, où il détient des parts dans le distributeur Sainsbury’s et le club de foot de West Ham. Cet polyglotte discret et réputé très intelligent veut se bâtir un portefeuille paneuropéen diversifié.
Des défis de taille à relever
Mais gare à ne pas aller trop vite en besogne. Car intégrer et redresser des entreprises aussi diverses que Royal Mail, Fnac Darty ou Casino promet d’être un sacré challenge. Il faudra trouver les bons managers, dégager des synergies, rassurer les politiques et les syndicats sur l’avenir du groupe postal…
Daniel Kretinsky devra désormais prouver qu’il peut être un actionnaire de long terme capable de transformer Royal Mail, et pas seulement un financier avide de bonnes affaires. Un test grandeur nature pour ce self-made man devenu en quelques années un acteur majeur du capitalisme européen. Réussira-t-il son pari britannique ?