C’est un cri d’alarme que vient de lancer Surangel Whipps, le président fraîchement réélu des Palaos. Lors d’un entretien accordé mardi soir, il a vivement accusé la Chine de violer sans vergogne les frontières maritimes de ce petit archipel du Pacifique. Au cœur du problème : la présence inquiétante et non autorisée de navires océanographiques chinois qui rôdent dans les eaux palaossiennes.
« Nous ne cessons de les signaler et de nous en plaindre, mais ils continuent d’envoyer leurs bateaux », a déclaré avec agacement le dirigeant pro-américain de cet État insulaire composé de 16 îles et îlots. Malgré les protestations répétées des autorités locales, les incursions se poursuivent sans relâche, bafouant au passage la souveraineté des Palaos sur sa zone économique exclusive.
Selon le président Whipps, la dernière violation en date remonte au début de cette semaine, lorsqu’un énième navire battant pavillon chinois a été repéré dans les eaux territoriales palaossiennes sans y avoir été invité. Un affront de plus pour ce pays qui s’efforce de préserver son intégrité territoriale face aux appétits de la superpuissance asiatique.
Un allié de Taïwan dans le collimateur de Pékin
Cette querelle maritime prend une dimension toute particulière au regard des relations diplomatiques qu’entretiennent les Palaos avec Taïwan. En effet, l’archipel fait partie de la douzaine de pays qui reconnaissent encore officiellement Taipei, au grand dam de Pékin qui considère l’île comme une province rebelle.
En 2017 déjà, la Chine avait fait pression sur les Palaos en interdisant à ses ressortissants de s’y rendre en voyage, portant un coup sévère à l’économie de cet éden touristique. Une manière pour le géant asiatique de manifester son mécontentement face aux liens privilégiés entre Koror, la capitale palossienne, et Taïwan.
Mais les tentatives d’intimidation ne s’arrêtent pas là. Selon le président Whipps, Pékin est allé jusqu’à rebaptiser unilatéralement en début d’année deux monts sous-marins situés dans les eaux des Palaos, une démarche perçue comme une nouvelle provocation et une remise en cause de la souveraineté de l’archipel.
Un allié indéfectible de Washington
Face à la pression exercée par son imposant voisin, Surangel Whipps n’entend pas baisser la garde. Tout au long de son précédent mandat, il a œuvré au renforcement des liens entre son pays et les États-Unis, garants de la sécurité des Palaos en vertu d’un accord de libre association.
Parmi les projets concrets de cette coopération stratégique, on peut citer l’installation d’un radar longue portée américain sur le territoire palaossien, ainsi que le dragage du port de Koror afin de permettre aux navires de l’US Navy d’y accoster plus aisément. Des initiatives qui ne sont pas du goût de Pékin, qui y voit une extension de l’influence américaine dans sa sphère d’intérêt.
Défendre sa souveraineté, un défi de taille
Pour ce petit État insulaire d’à peine 20 000 âmes, faire respecter ses frontières maritimes face à une superpuissance comme la Chine relève du défi permanent. Malgré leur détermination, les autorités palaossiennes peinent à endiguer les incursions répétées des navires chinois qui exploitent la vaste zone économique exclusive de l’archipel, riche en ressources halieutiques.
Surangel Whipps entend néanmoins poursuivre son combat pour préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays. À travers ses protestations diplomatiques et son alliance étroite avec les États-Unis, il espère faire entendre la voix des Palaos et obtenir le respect de Pékin.
Mais dans ce bras de fer inégal entre David et Goliath, l’issue reste incertaine. Les eaux cristallines des Palaos sont devenues malgré elles le théâtre d’une lutte d’influence aux enjeux qui dépassent largement les frontières de ce confetti du Pacifique. Une situation qui illustre toute la complexité des relations géopolitiques dans cette région du monde, où les appétits des grandes puissances menacent la tranquillité des petits États insulaires.
Un avenir sous haute surveillance
Alors que le président Whipps entame son second mandat, les défis qui l’attendent sont nombreux. Outre la préservation de la souveraineté maritime du pays, il devra œuvrer au développement économique des Palaos tout en préservant son environnement unique, un équilibre subtil dans cet archipel qui mise sur un tourisme durable et responsable.
Mais une chose est sûre : les yeux de la communauté internationale resteront braqués sur ce petit point du globe, devenu malgré lui un baromètre des tensions sino-américaines dans le Pacifique. Car au-delà du sort des Palaos, c’est bien l’avenir de toute une région qui se joue dans ces eaux turquoises, où les grandes puissances se livrent une bataille navale à fleurets mouchetés.
Une situation qui rappelle, s’il en était besoin, toute l’importance du droit international et du respect de la souveraineté des États, aussi petits et isolés soient-ils. Car c’est bien là, dans ces confettis du Pacifique, que se dessine en filigrane le visage du monde de demain. Un monde où la voix des Palaos mérite, plus que jamais, d’être entendue et respectée.