Le nombre de migrants tentant de traverser la Manche ne cesse d’augmenter, entraînant une hausse inquiétante des drames en mer. Pour les proches des disparus, l’attente et l’espoir se mêlent à l’angoisse. C’est le cas d’Osama Ahmed, un jeune Syrien de 20 ans qui recherche désespérément son père, porté disparu depuis le naufrage de leur embarcation il y a deux semaines.
Une famille syrienne séparée par l’exil
Osama et sa famille avaient fui la Syrie il y a 13 ans pour s’installer en Turquie. Ses deux frères ont déjà réussi à passer en Angleterre. Déterminé à les rejoindre avec son père, Ahmed Ahmed, qu’il décrit comme “l’homme le plus gentil du monde”, le jeune homme a tenté à trois reprises la périlleuse traversée de la Manche.
Un naufrage tragique
Mais lors de leur dernière tentative, dans la nuit du 22 au 23 octobre, le canot transportant une soixantaine de personnes a rapidement pris l’eau, à peine un kilomètre après avoir quitté les côtes françaises. Face à la panique générale, les passeurs restés sur la plage les ont repoussés vers le large, rapporte Osama. Lorsque l’embarcation s’est disloquée, le père et le fils se sont retrouvés séparés dans l’obscurité.
Je vis avec beaucoup d’espoir de le retrouver. Inch’Allah, je vais le retrouver.
– Osama Ahmed, rescapé syrien
Une quête désespérée
Depuis ce drame, le jeune Syrien multiplie les démarches pour tenter de localiser son père, dont le corps reste introuvable. Il a fourni sa description à la police, ainsi que celle de la bague gravée à son nom qu’il portait. À chaque découverte d’un corps en mer, Osama s’attend au pire. Dans cette attente insoutenable, tous ses projets de vie restent en suspens.
Un drame parmi tant d’autres
L’histoire déchirante d’Osama et de son père disparu illustre la détresse des migrants prêts à tout risquer pour rejoindre l’Angleterre, ainsi que les conséquences tragiques de ces traversées toujours plus nombreuses. Selon les chiffres officiels britanniques, près de 1 200 personnes ont rejoint les côtes anglaises sur des petites embarcations depuis le 1er novembre, malgré la baisse des températures et le brouillard.
Un bilan humain dramatique
Depuis janvier 2024, au moins 60 migrants ont perdu la vie en tentant de franchir la Manche, sans compter les corps repêchés ces derniers jours et les nombreux disparus, faisant de cette année la plus meurtrière depuis 2018. Un bilan effroyable qui souligne l’urgence de trouver des solutions pour éviter ces drames à répétition et offrir une alternative sûre et légale à ces hommes, femmes et enfants fuyant la guerre, la misère ou les persécutions.
En attendant, pour Osama comme pour tant d’autres familles de disparus, l’espoir et le cauchemar se poursuivent, au rythme des marées et des macabres découvertes sur les plages du Nord. Une tragédie humaine qui se joue quotidiennement aux portes de l’Europe, dans l’indifférence quasi-générale.