Ce dimanche, les Sénégalais se rendent aux urnes pour élire leur nouveau parlement lors d’un scrutin crucial pour les dirigeants en place. Arrivés au pouvoir il y a seulement huit mois, le président Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko espèrent obtenir une majorité nette pour tenir leurs promesses de changement. Mais entre attentes immenses de la population et tensions politiques, le défi s’annonce de taille.
Un scrutin pour asseoir le pouvoir des nouveaux dirigeants
Élu triomphalement en mars dernier, le président Faye n’a pas perdu de temps pour dissoudre l’Assemblée dès que la Constitution le lui permettait, provoquant ces législatives anticipées. L’objectif est clair : obtenir une majorité solide au parlement pour avoir les coudées franches et mettre en œuvre son programme.
Mais près de huit mois après leur arrivée improbable au pouvoir, les Sénégalais attendent toujours des actes concrets de la part de ce nouveau tandem à la tête de l’État. Le chômage et l’inflation restent très élevés, la croissance ralentie et les caisses de l’État seraient vides selon les nouveaux dirigeants.
L’impatience monte chez les jeunes
Dans les rues de Dakar, l’impatience est palpable, surtout chez les jeunes qui représentent une grande partie de la population. Mamoudou Soumaré, étudiant de 24 ans, pense que le parti au pouvoir va gagner car il est soutenu par la jeunesse. Mais il prévient :
Depuis leur victoire à la présidentielle, ils n’ont rien foutu. Après les législatives, il n’y aura plus le temps d’attendre. S’ils ne font rien, en 2029 on va les dégager.
Une mise en garde qui résume bien l’état d’esprit d’une jeunesse qui peine à trouver du travail et à joindre les deux bouts. D’autant que les départs de migrants vers l’Europe continuent par centaines chaque mois, avec son lot de drames. Selon une source proche des autorités, des dizaines de Sénégalais sont morts en mer cette année en tentant la traversée.
Plus de 40 listes en lice, l’opposition veut sa revanche
Pour ce scrutin à un seul tour qui renouvellera les 165 sièges du parlement, plus de 40 listes sont en compétition. Ousmane Sonko et Macky Sall, l’ancien président, mènent les principales coalitions. Mais d’autres poids lourds sont dans la course, comme le maire de Dakar Barthélémy Dias ou l’ex-premier ministre Amadou Ba.
Après des années de tensions sous Macky Sall, ces législatives auraient pu être l’occasion de renouer dans la sérénité avec la tradition démocratique sénégalaise. Mais la campagne a été émaillée de violences, surtout entre militants du parti de Sonko et de l’opposition, sur fond d’invectives entre leaders.
L’enjeu de cette élection, c’est pour ou contre Ousmane Sonko.
relève un analyste politique
Le gouvernement attendu sur ses promesses
Depuis leur installation, les nouvelles autorités ont pris quelques mesures comme la baisse des prix de produits de base et le lancement de vastes audits. Mais beaucoup jugent que c’est insuffisant face à l’ampleur de la tâche.
J’aurais préféré qu’au lieu de se chamailler, les partis politiques nous parlent des vrais problèmes des Sénégalais : la vie chère, le chômage des jeunes, la santé…
déplore Malick Fall, commerçant de 50 ans.
Le premier ministre Sonko, lui, martelé que les anciens dirigeants devront rendre des comptes, à commencer par Macky Sall. De quoi alimenter les spéculations sur l’après-scrutin.
Ousmane Sonko, l’homme à abattre ?
Figure clivante et imprévisible, Ousmane Sonko cristallise les passions. Pour ses supporters, c’est un homme intègre qui ose s’attaquer aux puissants. Ses détracteurs, eux, dénoncent un populiste qui attise les tensions.
De fait, beaucoup voient dans ce scrutin un référendum pour ou contre Sonko. Une situation inconfortable pour le président Faye qui risque de se retrouver dans l’ombre de son bouillonnant premier ministre en cas de large victoire.
Plus que jamais, ce scrutin s’annonce comme un test grandeur nature pour le nouveau pouvoir. Les Sénégalais sont dans l’attente de changements concrets. Le message des urnes devrait leur donner une indication sur la capacité de leurs dirigeants à répondre à leurs immenses espoirs. Une nouvelle ère politique pleine d’incertitudes s’ouvre pour le Sénégal.