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José Rubén Zamora : Le Guatemala a démasqué sa fausse démocratie

Le journaliste guatémaltèque José Rubén Zamora dévoile comment son emprisonnement a permis de faire tomber le masque d'une fausse démocratie. Découvrez son histoire poignante et percutante...

Dans un jardin paisible où il est désormais assigné à résidence, un homme médite sur son éprouvante expérience. José Rubén Zamora, éminent journaliste guatémaltèque, revient sur les 800 jours de prison qui ont marqué sa vie et celle de son pays. Selon lui, cette épreuve a été le révélateur d’une démocratie en trompe-l’œil, bien plus efficacement que trois décennies de journalisme acharné.

Une incarcération aux motifs douteux

Rubén Zamora, fondateur du journal d’investigation El Periodico, s’est attiré les foudres du pouvoir en place en publiant des articles mettant en lumière des affaires de corruption impliquant le président de droite Alejandro Giammattei. Arrêté en juillet 2022 sous des accusations fallacieuses de blanchiment d’argent, chantage et entrave à la justice, il a écopé de 6 ans de prison, dans un pays gangrené par la corruption selon Transparency International.

Son cas a suscité l’indignation de la communauté internationale, des États-Unis à l’ONU en passant par l’Union Européenne, qui ont dénoncé un “abus de pouvoir” de la part du parquet guatémaltèque. Même le nouveau président social-démocrate Bernardo Arévalo, élu sur la promesse de lutter contre la corruption, a qualifié les poursuites d'”injustes”.

Un lourd tribut personnel

Si José Rubén Zamora a finalement été innocenté en appel, sa détention aura eu de lourdes conséquences. Son journal El Periodico n’a pas survécu à son absence, tandis que sa femme et ses enfants ont dû s’exiler aux États-Unis dès son arrestation. Pourtant, malgré le prix payé, le journaliste ne nourrit aucun regret.

“Au Guatemala, on a connu une clepto-narco-dictature travestie en démocratie. Et aujourd’hui je pense avoir eu plus d’impact en deux ans de prison qu’en trente ans de journalisme, car on a réussi à faire tomber ce masque de la démocratie aux yeux de la communauté internationale”

José Rubén Zamora

La liberté, un combat de tous les jours

Pour celui qui a connu l’isolement forcé, la liberté n’est pas qu’un concept philosophique abstrait, mais une réalité existentielle qui se conquiert et s’exerce quotidiennement. Une leçon qu’il a apprise dans sa chair, sans pour autant perdre sa dignité ni sa détermination.

“Je regrette le temps passé sans voir mes enfants, mes petits-enfants et ma femme, mais ils ne m’ont pas fait mal. Malgré la prison, je me sentais libre à l’intérieur, je me sentais digne, sans honte, je me sentais fier.”

José Rubén Zamora

Un regard amer sur la politique en Amérique latine

Fort de son expérience, José Rubén Zamora porte un regard désabusé sur la politique et la corruption qui gangrènent l’Amérique latine. Il dénonce un système où s’enchaînent “des présidents voleurs qui co-gouvernent avec le crime organisé, les monopoles et les oligopoles”, profitant notamment des juteux contrats publics.

Citant le Mexique comme “le cas le plus dramatique”, avec ses centaines de milliers de morts et disparus dans la guerre contre les cartels, il n’oublie pas de pointer du doigt le Nicaragua et le Venezuela, où sévissent des régimes autoritaires qui musellent toute opposition.

Une épreuve transformatrice

Si les mois passés derrière les barreaux lui ont beaucoup coûté, José Rubén Zamora en retire aussi de précieux enseignements. Cette épreuve lui a “étrangement appris à vivre avec humilité, avec patience, avec foi”. Un chemin de croix qui l’a renforcé dans ses convictions les plus profondes : celles d’un homme intègre, déterminé à faire triompher la vérité et la justice, au prix de sa liberté s’il le faut.

L’histoire de José Rubén Zamora est celle d’un combat acharné pour la transparence et contre la corruption. Un combat de tous les instants, mené par un homme dont la foi en la démocratie et la liberté n’a pas été entamée par l’adversité. Son témoignage est un puissant rappel : derrière les apparences démocratiques, nombre de pays d’Amérique latine restent minés par les maux que sont la violence, la corruption et l’autoritarisme. Des maux contre lesquels il faudra toute la détermination et le courage d’hommes et de femmes comme José Rubén Zamora pour en venir à bout.

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