L’Allemagne se dirige vers une période d’incertitude budgétaire suite à l’annonce d’élections anticipées fixées au 23 février prochain. Le nouveau ministre des Finances, Jörg Kukies, a en effet jugé “pas réaliste” l’adoption d’un budget fédéral pour 2025 avant ce scrutin crucial. Une situation qui va contraindre le pays à fonctionner avec un budget minimal provisoire pendant plusieurs mois.
Entré en fonction la semaine dernière après la rupture de la coalition dirigée par le chancelier Olaf Scholz, M. Kukies a mis en avant les délais serrés du calendrier parlementaire. Le budget 2025, qui a cristallisé les tensions au sein du gouvernement ces dernières semaines, devait initialement être bouclé à la mi-novembre. Un timing désormais intenable selon le ministre social-démocrate.
Un recours à la “gestion budgétaire provisoire”
Face à cette situation, l’Allemagne devra se replier sur un mécanisme prévu par la Loi fondamentale : la “gestion budgétaire provisoire”. Une procédure qui permettra au gouvernement fédéral d'”honorer toutes les dépenses nécessaires et les engagements pris” malgré l’absence de loi de finances, a assuré M. Kukies. Il a cependant reconnu que ce régime spécial n’était “pas idéal” et comportait “le risque de retarder certains nouveaux projets”.
Des effets limités sur la croissance selon le ministre
Le ministre des Finances s’est toutefois voulu rassurant quant aux conséquences pour l’économie allemande. Il mise sur un effet de rattrapage dans le déblocage des dépenses une fois le budget 2025 adopté, qui permettra selon lui d’éviter “des effets négatifs sur la croissance annuelle globale”. Berlin table actuellement sur un rebond de 1,1% du PIB en 2025, après un maigre 0,2% attendu cette année.
Les milieux économiques inquiets
Cette prévision optimiste ne semble cependant pas partagée par tous les acteurs économiques du pays. De l’automobile aux banques en passant par la chimie, de nombreux secteurs estiment qu’il faut agir rapidement pour éviter à l’économie allemande de s’enfoncer davantage. Un appel qui risque de se heurter au calendrier politique très incertain des prochains mois outre-Rhin.
Un scrutin décisif pour l’avenir budgétaire du pays
Les élections anticipées du 23 février s’annoncent donc cruciales pour l’avenir budgétaire et économique de l’Allemagne. Elles détermineront la composition du prochain gouvernement et sa capacité à s’accorder rapidement sur un budget 2025. Un enjeu de taille pour la première économie européenne, qui doit composer avec un contexte international difficile marqué par la guerre en Ukraine et les tensions sino-américaines.
Une gestion provisoire n’est pas idéale et comporte le risque de retarder certains nouveaux projets, mais d’un autre côté, le gouvernement fédéral pourra honorer toutes les dépenses nécessaires et les engagements pris.
– Jörg Kukies, ministre allemand des Finances
En attendant le verdict des urnes, le gouvernement Scholz devra donc naviguer à vue et limiter les engagements budgétaires. Un coup dur pour un chancelier très affaibli qui espérait relancer son action après les turbulences des derniers mois. La campagne électorale qui s’ouvre s’annonce plus que jamais comme un combat pour sa survie politique.