Lorsque la sonnette retentit à 3h du matin ce 23 février 2021, Sophie*, une jeune mère de 23 ans, est loin d’imaginer le cauchemar qui l’attend. Derrière la porte, son voisin Hamza C., 29 ans, armé d’un couteau, profère des insultes et menaces. Malgré ses appels à l’aide désespérés, il finit par enfoncer la porte et s’en prendre violemment à elle, sous les yeux de son bébé de 15 mois. Un drame qui aurait pu virer à la tragédie sans l’intervention de la famille de la victime.
Le discernement de l’accusé en question
Depuis le 12 novembre, Hamza C. comparaît devant la cour d’assises de Charente-Maritime à Saintes pour tentative de meurtre. Au cœur des débats : l’état mental du trentenaire au moment des faits. Connu pour souffrir de troubles psychiatriques, était-il en pleine possession de ses moyens cette nuit-là ou en proie à une crise de paranoïa aiguë comme le suggère la défense ?
Les experts psychiatres, appelés à la barre, se montrent divisés sur la question. Si tous s’accordent à dire que l’accusé présente une pathologie mentale, l’altération de son discernement fait débat. Pour certains, la préméditation dont il a fait preuve en forçant la porte prouve qu’il avait conscience de ses actes. D’autres y voient le geste irrationnel d’un homme en plein délire paranoïaque, persuadé que sa voisine lui voulait du mal.
Une scène de crime bouleversante
Quand les secours arrivent sur place cette nuit-là, ils découvrent une scène digne d’un film d’horreur. La porte d’entrée fracturée, des traces de sang dans l’appartement, un couteau abandonné au sol. La jeune femme, grièvement blessée, gît dans son sang. À ses côtés, son bébé en pleurs, lui aussi taché de sang. Des images insoutenables qui ont profondément marqué les enquêteurs.
Hamza C., interpellé peu après, semble hagard et confus. Incapable d’expliquer son geste, il alterne phases de mutisme et propos incohérents, renforçant les soupçons sur son état mental. Mais pour le procureur, son attitude relève plus de la manipulation que d’un réel trouble psychique.
Il savait parfaitement ce qu’il faisait. C’est un homme dangereux, capable de passer à l’acte de sang froid.
Un enquêteur sous couvert d’anonymat
Un parcours chaotique
L’examen du parcours de vie d’Hamza C. révèle un homme fragile, en marge de la société. Originaire de Rochefort, ce célibataire sans emploi, décrit comme solitaire et imprévisible, a multiplié les séjours en hôpital psychiatrique ces dernières années. Une instabilité et une souffrance psychique qui pourraient avoir joué un rôle déterminant dans ce passage à l’acte, selon certains experts.
Mais d’autres évoquent plutôt une personnalité manipulatrice, prompte à instrumentaliser ses troubles pour échapper à sa responsabilité pénale. Le rapport d’expertise fait d’ailleurs état d’une “dangerosité criminologique” chez cet homme au casier judiciaire déjà bien rempli.
Un procès sous haute tension
Tout au long de ce procès à huis clos, qui doit s’achever le 14 novembre, les débats s’annoncent tendus. D’un côté, un accusé au comportement imprévisible et des experts divisés sur son état mental. De l’autre, une victime traumatisée venue chercher justice et comprendre ce qui a pu pousser son voisin à une telle violence.
Un drame sordide qui rappelle tragiquement les conséquences dramatiques que peuvent avoir les problèmes de santé mentale non pris en charge. Et soulève la délicate question de la responsabilité pénale des personnes souffrant de troubles psychiatriques face à la justice. Un sujet complexe et sensible, au cœur de ce procès hors norme.
Le verdict, très attendu, devrait être rendu en fin de semaine. Hamza C. encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Mais au-delà de la peine, c’est bien la question de son discernement au moment des faits qui devrait faire débat parmi les jurés.
* Le prénom a été modifié.