Il était jusqu’ici l’homme de l’ombre, le mystérieux garde du corps toujours dans le sillage de Vladimir Poutine. Mais en cette fin mai 2024, Alexeï Dioumine vient de faire une entrée fracassante en pleine lumière, propulsé au poste stratégique de secrétaire du Conseil d’État par le maître du Kremlin. Une ascension fulgurante qui suscite toutes les spéculations sur l’avenir politique de la Russie.
Du FSB au sommet de l’État : le parcours express d’Alexeï Dioumine
Né en 1972 à Koursk, Alexeï Dioumine a débuté sa carrière dans les services de sécurité russes, passant du FSB au Service de protection des hautes personnalités. C’est là qu’il devient, en 2012, l’adjoint au chef de la sécurité de Vladimir Poutine. Les deux hommes développent une relation personnelle, jouant régulièrement au hockey ensemble.
En 2014, Dioumine accède à un poste clé au sein du renseignement militaire russe, le GRU. Il y supervise notamment les opérations spéciales en Crimée, qui permettent à la Russie d’annexer la péninsule ukrainienne sans effusion de sang. Un succès qui lui vaut les faveurs de Poutine.
De gouverneur à secrétaire du Conseil d’État
Fort de ses états de service, Alexeï Dioumine poursuit son ascension à un rythme effréné. Vice-ministre de la Défense, puis gouverneur de la région de Toula dès 2016, il est désormais bombardé secrétaire du Conseil d’État, un organe qui réunit toute l’élite politique et administrative de Russie sous l’autorité directe de Vladimir Poutine.
Le Conseil d’État n’a pas réellement de pouvoir, mais c’est une plateforme qui réunit toute l’élite politique russe.
Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe à Moscou
Un successeur potentiel de Poutine ?
Si le poste est avant tout honorifique, beaucoup y voient un tremplin politique majeur pour Dioumine. À 52 ans, ce fidèle parmi les fidèles dispose de solides atouts :
- Une loyauté absolue envers Vladimir Poutine, qui apprécie sa discrétion
- Une expérience dans les arcanes du pouvoir et les services de sécurité
- Un bilan jugé positif à la tête de la région de Toula
Certains observateurs n’hésitent pas à voir en Alexeï Dioumine un successeur potentiel de Vladimir Poutine. Le président russe, âgé de 71 ans, cherche en effet à organiser l’après-2024 et sa propre succession. En nommant Dioumine, il place un pion de plus sur l’échiquier politique russe.
Le Kremlin retient son souffle
Au sein de l’élite moscovite, l’ascension surprise d’Alexeï Dioumine fait des remous. Beaucoup craignent l’émergence d’un nouveau clan, issu des services de sécurité, qui viendrait concurrencer les équilibres de pouvoir actuels. D’autres s’interrogent sur les intentions réelles de Vladimir Poutine, qui semble tester plusieurs dauphins potentiels.
Une chose est sûre : les mois à venir seront décisifs pour Alexeï Dioumine. S’il réussit son examen de passage au Conseil d’État, et parvient à élargir son influence sans se faire trop d’ennemis, il pourrait s’imposer dans un rôle bien plus central à l’avenir. Mais au Kremlin plus qu’ailleurs, la route vers le pouvoir suprême est semée d’embûches. L’ancien garde du corps en est bien conscient.
Dans cette partie d’échecs à l’échelle d’un pays, Vladimir Poutine vient d’avancer un nouveau pion sur l’échiquier. Avec ce fidèle lieutenant propulsé sous les projecteurs, le président russe brouille un peu plus les cartes de sa succession. Et maintient la Russie en haleine, suspendue aux mouvements de ses pièces maîtresses.
