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Le Champ Pétrolier de Rosebank Divise : Une Bataille Judiciaire S’engage

Le champ pétrolier de Rosebank face à la justice écossaise. Greenpeace et Uplift contestent l'autorisation accordée par le gouvernement britannique, un procès décisif pour l'avenir des projets pétroliers qui pourrait créer un précédent majeur. Les ONG et militants, galvanisés par une récente victoire judiciaire, sont plus déterminés que jamais. L'issue du procès aura des répercussions majeures sur...

C’est une bataille judiciaire aux enjeux considérables qui s’ouvre ce mardi à Edimbourg, la capitale écossaise. Greenpeace et Uplift, deux ONG écologistes déterminées, contestent devant la Court of Session l’autorisation accordée par le gouvernement britannique pour développer le champ pétrolier et gazier de Rosebank, situé en mer du Nord. Un procès décisif qui pourrait bien faire jurisprudence pour l’avenir des projets pétroliers outre-Manche.

Des militants galvanisés par une victoire récente

Avant même le début de l’audience, Tessa Khan, directrice exécutive d’Uplift, affichait un optimisme confiant :

Nous sommes plus confiants que jamais sur nos chances de gagner.

Tessa Khan, directrice exécutive d’Uplift

Un enthousiasme partagé par les centaines de militants rassemblés devant le tribunal, galvanisés par la décision récente de la Cour Suprême britannique qui a jugé illégal un autre projet d’hydrocarbures à Horse Hill, dans le sud de l’Angleterre. Le motif ? L’évaluation environnementale n’avait pas pris en compte les émissions générées par l’utilisation future du pétrole extrait.

Des autorisations accordées illégalement ?

C’est justement l’argument central avancé par Greenpeace et Uplift dans leur recours contre les permis de forage accordés à Rosebank et Jackdaw, un autre gisement de mer du Nord. Selon les ONG, ces autorisations seraient illégales car elles n’ont pas pris en considération l’impact des émissions issues de la combustion du pétrole et du gaz qui seraient extraits. Un “oubli” qui serait en totale contradiction avec les objectifs climatiques affichés par le Royaume-Uni.

Si la justice donnait raison aux écologistes, les exploitants seraient alors contraints de soumettre à nouveau leurs évaluations environnementales à l’approbation des autorités avant de pouvoir entamer tout forage. Un coup dur pour des projets déjà bien avancés.

Rosebank, un projet d’envergure remis en question

Le champ pétrolier de Rosebank est en effet un enjeu de taille. Situé à 145 kilomètres au large des îles Shetland, dans l’extrême nord de l’Écosse, il est considéré comme le plus grand gisement de pétrole inexploité du Royaume-Uni avec des réserves estimées à 300 millions de barils. Son exploitation, approuvée l’année dernière, devait débuter entre 2026 et 2030.

Quant à Jackdaw, ce champ gazier en cours d’exploitation à 250 km au large d’Aberdeen, il devait entrer en production dès l’année prochaine. Des projets d’envergure dont l’avenir est désormais suspendu à la décision de la Court of Session.

Un gouvernement en retrait

Signe que le vent pourrait tourner, le nouveau gouvernement travailliste arrivé au pouvoir en août dernier a d’ores et déjà annoncé qu’il ne défendrait pas devant la justice le développement controversé de ces projets pétroliers et gaziers. Une position prudente qui marque un virage par rapport à l’exécutif précédent.

Tommy Shepherd, ancien membre du Parti national écossais, est convaincu que cette affaire fera date bien au-delà du seul cas de Rosebank :

C’est l’affaire la plus importante en raison de son ampleur, mais elle s’appliquera plus généralement au processus décisionnel. Le dernier gouvernement conservateur a accordé 100 licences dans les derniers mois de son mandat. Elles seront toutes remises en question.

Tommy Shepherd, ancien membre du Parti national écossais

Des géants pétroliers dans la tourmente

Les deux champs pétroliers au cœur de cette bataille judiciaire appartiennent à des mastodontes de l’industrie pétrolière. Rosebank est détenu par le géant norvégien de l’énergie Equinor et par Ithaca Energy, tandis que Jackdaw appartient à Shell.

Ces colosses des hydrocarbures suivront sans nul doute avec une attention particulière ce procès qui pourrait bien faire vaciller une partie de leurs projets de développement, remettant en question la rentabilité de coûteux investissements.

Un procès très attendu

Alors que le gouvernement britannique s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ce procès cristallise les tensions entre les ambitions climatiques du pays et la réalité d’une économie encore fortement dépendante des énergies fossiles. Son issue sera donc scrutée de près, bien au-delà des frontières de l’Écosse.

Pour Greenpeace, Uplift et leurs soutiens, une victoire devant la justice serait un signal fort envoyé à l’industrie pétrolière et un encouragement à accélérer la transition énergétique. Mais les géants des hydrocarbures ne l’entendront sans doute pas de cette oreille et pourraient bien contre-attaquer pour préserver leurs intérêts.

Une chose est sûre : ce procès promet d’être long et complexe tant les enjeux économiques, environnementaux et politiques sont imbriqués. Son dénouement, quel qu’il soit, marquera à coup sûr un tournant dans la bataille engagée par les défenseurs du climat contre l’industrie pétrolière. Affaire à suivre donc, de très près…

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