Ce mardi 12 novembre, les députés français s’apprêtent à voter sur une version profondément remaniée du budget 2025. Un scrutin qui s’annonce déjà historique, tant par l’ampleur des modifications apportées au texte initial que par son issue plus qu’incertaine. Les oppositions et même certains députés de la majorité ont en effet totalement bouleversé le projet de loi de finances, laissant planer le spectre d’un rejet pur et simple.
Un texte méconnaissable après les assauts parlementaires
Durant un long week-end de débats acharnés, le projet de budget 2025 a été complètement transformé sous les coups de boutoir des oppositions mais aussi, fait notable, de députés pourtant censés soutenir le gouvernement. Porté par l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP), une véritable “overdose fiscale” selon le ministre du Budget Laurent Saint-Martin s’est abattue sur le texte :
- De nouvelles taxes sur les superprofits, les superdividendes, les rachats d’actions
- Un impôt sur le patrimoine des milliardaires
- Une contribution exceptionnelle des géants du numérique
Au total, ce seraient jusqu’à 75 milliards d’euros de recettes supplémentaires qui auraient été votées selon Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances. Un chiffre contesté par le gouvernement qui dénonce 35 milliards de taxes “qui n’épargneront personne”.
Le casse-tête des retraites et le coup de poker du RN
Mais les surprises ne se sont pas arrêtées là. Sous la pression de la droite, le gouvernement a dû céder sur plusieurs de ses mesures phares. Exit la hausse controversée de la taxe sur l’électricité ou encore l’alourdissement du malus automobile. Même le gel initial des pensions de retraite a été remis en cause. Elles seront finalement revalorisées au 1er janvier, mais seulement de la moitié de l’inflation.
Enfin, dans un coup de billard inattendu, les députés RN sont parvenus à supprimer purement et simplement l’article prévoyant la contribution de la France au budget de l’Union européenne. Un amendement suffisant à lui seul à “invalider ce budget” selon Marc Fesneau, chef de file des députés MoDem.
Vers un rejet du budget à l’Assemblée ?
Après ce grand chambardement, difficile de s’y retrouver dans ce que le ministre du Budget a qualifié de “texte Frankenstein” mélangeant “l’enfer fiscal” et des dispositions “contraires au droit” européen notamment. Une chose est sûre, son adoption est plus que compromise.
Ce qui est certain, c’est que nous n’allons pas le voter.
Julien Odoul, député RN
Si la gauche, par la voix d’Eric Coquerel, a d’ores et déjà annoncé qu’elle voterait ce budget remanié, la majorité relative ne devrait pas suivre et le Rassemblement national non plus. Le rejet semble donc inéluctable. Il permettrait alors au gouvernement de repartir de sa propre copie, en court-circuitant le travail de l’Assemblée.
Et après ? La navette parlementaire se poursuit
Rejet ou adoption surprise, le feuilleton budgétaire est encore loin d’être terminé. Direction le Sénat dès le vote achevé, où le gouvernement compte bien trouver des points d’accord, notamment avec la droite sur les retraites et les allègements de charges. Les sénateurs devraient sensiblement réécrire le texte avant un retour à l’Assemblée prévu au plus tard le 21 novembre.
D’ici là, tous les coups semblent permis dans cette bataille titanesque pour le budget 2025. Rarement un projet de loi de finances n’aura suscité autant de revirements et de rebondissements. L’épilogue, lui, reste encore à écrire mais une chose est sûre : il marquera l’histoire de cette 17ème législature.