Dans un pays en proie à une crise politique et sécuritaire sans précédent, les athlètes haïtiens se préparent contre vents et marées pour représenter fièrement leur nation aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Malgré les violences des gangs qui paralysent la capitale Port-au-Prince et les troubles sociaux qui secouent Haïti, ces sportifs refusent de baisser les bras. Au contraire, ils voient dans cette compétition planétaire une opportunité unique de montrer au monde entier la résilience et la détermination du peuple haïtien face à l’adversité.
Des pionniers prêts à entrer dans l’histoire
Parmi ces athlètes olympiques se trouve Pierre Yvenel Stephan, un jeune gymnaste de 24 ans qui s’apprête à devenir le premier homme haïtien à concourir dans cette discipline aux JO. Adopté à l’âge de 3 ans par une famille française, il n’a jamais oublié ses racines et s’entraîne d’arrache-pied pour porter haut les couleurs d’Haïti sur la scène internationale.
Être le premier gymnaste haïtien, c’est encore la première participation d’Haïti aux Jeux olympiques dans cette discipline, et ce serait un honneur pour moi d’y prendre part et d’entrer dans l’histoire de mon sport et de mon pays.
– Pierre Yvenel Stephan, gymnaste
Dans un autre sport, Kathreen “Kat” Marie Sterling ambitionne elle aussi de marquer l’histoire en devenant la première femme à représenter Haïti en boxe olympique. Née à New York de parents haïtiens, cette jeune athlète de Philadelphie s’est qualifiée pour les JO de Paris en remportant ses combats de sélection en Thaïlande. Un exploit qu’elle veut mettre au service de son pays d’origine.
Le défi de l’insécurité et du manque de moyens
Si la motivation ne manque pas chez ces sportifs, tous sont conscients des immenses défis auxquels ils font face. Car s’entraîner dans un pays en crise comme Haïti relève souvent du parcours du combattant. Avec les violences qui font rage à Port-au-Prince, il est devenu quasiment impossible pour eux de rejoindre les rares infrastructures sportives du pays sans risquer leur vie. Beaucoup ont dû s’exiler pour poursuivre leur préparation olympique.
C’est le cas de Charlotte Boyer, une jeune escrimeuse de 22 ans, qui a grandi en France après avoir quitté Haïti enfant. Malgré la distance, elle n’a jamais perdu le lien avec sa terre natale et porte son maillot avec fierté dans les compétitions internationales. Mais l’instabilité actuelle en Haïti rend tout retour au pays très compliqué.
Ça fait longtemps que je ne suis pas retournée en Haïti. Et avec la situation actuelle, je pense que ça va être encore plus compliqué.
– Charlotte Boyer, escrimeuse
Outre l’insécurité, le manque cruel de moyens de la fédération sportive haïtienne est un autre obstacle de taille. Sans soutien financier suffisant, de nombreux athlètes doivent payer eux-mêmes leurs stages et déplacements, comme Kat Sterling qui a dû auto-financer ses premières compétitions internationales. Un sacrifice personnel qu’ils font au nom de leur passion et de leur pays.
Inspirer la jeunesse haïtienne
Au-delà des médailles, ces sportifs veulent surtout offrir un message d’espoir à la jeunesse haïtienne. Prouver que malgré les épreuves et la dureté du quotidien, il est possible de réaliser ses rêves à force de travail et de détermination. Inspirer les nouvelles générations en incarnant les valeurs de l’olympisme : excellence, amitié et respect.
En portant le drapeau haïtien sur leur équipement, ces athlètes deviennent ainsi les ambassadeurs de la résilience de tout un peuple. Ils montrent au monde que malgré la crise, Haïti reste debout et continue d’avancer. Que l’esprit de résistance est chevillé au corps de chaque Haïtien. Et qu’en unissant leurs forces, ils peuvent déplacer des montagnes.
Je suis convaincu que ça va changer pour le meilleur et que tout va redevenir prospère.
– Pierre Yvenel Stephan
Alors que les JO de Paris approchent à grands pas, tous les regards seront tournés vers ces héros du sport haïtien. Des femmes et des hommes ordinaires devenus des exemples pour toute une nation. Qui, par leur seule présence aux Jeux, prouveront que l’espoir est toujours permis en Haïti. Et qu’après la pluie, le beau temps finit toujours par revenir.
